« Je crois que Bradley Manning a été soumis à un traitement cruel, inhumain et dégradant constitué par l’isolement excessif et prolongé qu’il a subi au cours des huit mois qu’il a passés à la prison de Quantico », a dénoncé Ernesto Mendez, rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, lors d’une réunion du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, lundi à Genève. Arrêté en août 2010, le soldat américain accusé d’être la taupe de Wikileaks a passé huit mois de détention préventive dans une prison située sur la base militaire américaine de Quantico, en Virginie, avant d’être mis en accusation par une cour martiale en février dernier. Le jeune homme de 24 ans ne pouvait sortir de sa cellule qu’une heure par jour et se voyait obligé de dormir nu. Des conditions de détention très dures vivement critiquées en 2011 par des groupes de défense des droits de l’Homme, comme Amnesty International ou l’American Civil Liberties Union (ACLU).
« Heureusement, l’isolement a pris fin après son transfert » à la prison de Fort Leavenworth (Kansas) en avril 2011, « mais l’explication qu’on me donne pour les huit mois précédents ne me paraît pas convaincante » a poursuivi M.Mendez. Le rapporteur argentin sur la torture a pris soin de rappeler que le soldat Manning « bénéficie de la présomption d’innocence ». « Cela n'a aucun sens de le soumettre à un traitement de ce genre alors qu’il n’a pas été déclaré coupable de quelque délit que ce soit », a-t-il conclu. Le soldat de première classe a été formellement mis en accusation pour « collusion avec l’ennemi » par une cour martiale le 23 février dernier sur la base militaire de Fort Meade (Maryland). Accusé d’avoir transmis entre novembre 2009 et mai 2010 au site internet Wikileaks, cofondé par Julian Assange, des documents militaires américains sur les guerres en Irak et en Afghanistan, ainsi que 260.000 dépêches du département d’État, il est également poursuivi pour « incitation à la publication de renseignements sur internet en sachant qu'ils sont accessibles à l'ennemi », « vol de propriété ou d'archives publiques », « utilisation de logiciels non autorisés » pour des informations classées, ou encore « violation du règlement de l'armée ». Il encourt la prison à vie.
Élodie Vergelati
Avec AFP
Crédit photo : AFP/Archives
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