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Et si on (re)découvrait le meilleur rôle de Pierre Niney... Gratuitement ?

Mis à jour le 30 Janvier 2024 - 15h51
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Publié le 30 Janvier 2024 - 15h51
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Et si on (re)découvrait le meilleur rôle de Pierre Niney... Gratuitement ?
Pierre Niney au village lors des Internationaux de France de tennis de Roland Garros 2023, à Paris, France, le 11 juin 2023. © Jacovides-Moreau/Bestimage
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France TV a la bonne idée de nous proposer ce mois ci une "collection" Pierre Niney. L'occasion de (re)découvrir l'une de ses meilleures partitions : elle se niche au coeur d'un délicat mélodrame... et puissant portrait de femme.
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La plateforme de France TV est la place to be des cinéphiles aux horizons étendus : on s'y abreuve autant de chefs d'oeuvre hitchcockiens (au coeur d'un tout récent cycle !) que de films de serial killer. Aucun rapport avec cette dernière thématique (tout du moins on l'espère) : en 2024, francetv fait aussi le focus sur Pierre Niney ! Avec une riche progra' disponible gratuitement en ligne. Il suffit de s'inscrire, d'accepter les pubs, et voilà.

Une initiative savoureuse tant la carrière du jeune comédien ne cesse de s'enrichir année après année. On a adoré le détester en metteur en scène insupportable (mais... si drôle) dans le film le plus injustement snobé des César : Le livre des solutions de Michel Gondry bien sûr. Il y incarne un anti héros imparfait, ce qui était déjà le cas de l'une de ses plus belles partitions, à savoir le romancier escroc du thriller azuréen Un homme idéal.

Et on aura tout loisir de le (re)découvrir dans les films sélectionnés par francetv: J'aime regarder les filles, l'un de ses premiers grands rôles, Comme des frères, road movie doux amer, et... Un chef d'oeuvre : Frantz.

La partition la plus subtile de Pierre Niney

Frantz, c'est l'une des oeuvres les plus abouties de François Ozon, cinéaste qui n'en manque pourtant pas - Huit femmes, Sous le sable, Dans la maison, Mon crime... Le réalisateur y relate la liaison entre une jeune femme allemande et un mystérieux inconnu français, qui prétend avoir bien connu son défunt mari (Frantz, donc), disparu à la guerre. Il vient même se recueillir sur sa tombe.

Mais dit-il la vérité ?

Mélodrame au somptueux noir & blanc, Frantz épate autant par la beauté de ses images que par la délicatesse du regard qu'il déploie sur la complexité des sentiments. Grand portrait de femme comme bien des Ozon, enrobé d'une délicate mélancolie poétique - on y cite Rilke et Verlaine sur fond de Chopin et Debussy ! - ce récit tragique confère à Pierre Niney la partition la plus subtile de sa carrière. A l'unisson de l'image : épurée.

On y retrouve une constante : la propension du comédien à incarner des protagonistes autour desquels gravitent illusions, mensonges, poudre aux yeux. Car Frantz, tout comme Five et Un homme idéal, l'immerge dans la peau d'un homme qui se joue de la vérité ! Une thématique forte dans l'oeuvre de Pierre Niney, qui en dit long sur sa façon de déployer, l'air de rien, une véritable densité de jeu. Car qu'est-ce qu'un acteur sinon un grand illusionniste ?

Plus que tout, dans ce mélo, c'est l'émotion perceptible dans un silence, un regard, une hésitation, une fuite, qui importe. L'occasion pour l'interprète de valoriser, en osmose avec sa partenaire Paula Beer, un art de l'intériorité, de la nuance. Avec, comme toujours dans son "acting", une forme de nervosité palpable, de fièvre qui palpite. Une économie du trouble qui contamine.

Un très grand rôle donc, injustement non-récompensé par l'académie des César et c'est bien dommage. Sans trop en dire sur les "twists" de Frantz, on se plaira à redonner à cette magnifique histoire d'amour, ou plutôt d'affects, toute la considération qu'elle mérite. C'est à retrouver ici-même.