C'était il y a trois ans déjà.
En février 2020, le milieu du sport français décidait de balancer ses porcs. Enquête conséquente du journal L'Equipe, recueillant les témoignages accablants des sportives Hélène Godard et Anne Bruneteau, prise de parole de l'ancienne patineuse artistique Sarah Abitbol, déclaration de la ministre des Sports Roxana Maracineanu, insistant pour que "la parole se libère"...
Les sportives professionnelles témoignant de viols, d'agressions sexuelles et d'abus abondaient dès lors, et l'exigence de changements s'exprimait en actes : on se souvient par exemple de la démission du président de la Fédération française des sports de glace Didier Gailhaguet, et de l'ouverture par le parquet de Paris d'une enquête à l'encontre de l'ancien entraîneur Gilles Beyer, accusé de viol et d'agression sexuelle.
Trois ans plus tard donc, le mouvement ne cesse pas. La preuve ? La députée écologiste Sabrina Sebaihi vient de lancer une nouvelle plateforme : elle s'appelle "Balance ton sport", et son principe est limpide.
Explications.
"Malheureusement, il n'y a quasiment aucune fédération qui a été épargnée par les témoignages qui nous arrivent". Ces mots de la députée Sabrina Sebaihi auprès de franceinfo en disent long sur la banalisation des violences sexuelles dans le sport. Soutenue par ses pairs, la femme politique a lancé pour lutter contre ce fléau le site Balance ton sport. Des témoignages anonymes de victimes peuvent être déposés sur cette plateforme.
"Si vous avez été, ou êtes actuellement, victime de violences, de harcèlement, de discriminations dans le cadre sportif, vous pouvez témoigner ici. Nous avons vocation à accompagner l'élan de libération de la parole", affirme la présentation du site. L'initiative est claire.
Victimes de violences physiques, psychologiques, sexuelles, au sein du monde sportif... Un site initié suite à l'ouverture d'une commission d'enquête justement dédiée aux "défaillances dans le monde sportif". Et il y a beaucoup à dire, et à lire. A franceinfo toujours, l'instigatrice du projet détaille : "Le besoin de parler, et de surcroît être écouté, reste urgent. Cela peut être des signalements d'agressions sexuelles. On a eu un signalement sur la Fédération d'échecs, la Fédération automobile, les Fédérations de muay-thaï...".
Le but ? Faire bouger les fédérations. Les témoignages déposés visent aussi à dénoncer les discriminations physiques, racistes, sexistes. Une manière plus globale de briser l'omerta, qui perdure encore. A ce sujet, on se rappelle des mots de Sarah Abitbol dans le documentaire de France 2, "Un si long silence" : "La prise de parole est encore difficile mais tellement utile. Il y a eu encore beaucoup de pleurs. Malgré les bruits qui courent, les voix des victimes sont bâillonnées par un système qui se protège".