Rappelez-vous. Il y a deux ans déjà, l'espace d'une interview accordée au "Point", Fanny Ardant défendait ouvertement Roman Polanski, accusé de viol par une dizaine de femmes depuis les années 1970 et poursuivi depuis plus de 40 ans par la justice américaine. Et déclarait fièrement : "J'ai travaillé avec Roman, j'ai admiré l'homme et je pense que l'amitié et l'amour doivent passer avant la loi. Sinon quoi ? On est tous des balances ?".
Aujourd'hui, Fanny Ardant, à l'affiche du dernier long-métrage du cinéaste, "The Palace", persiste et signe. En Une du magazine Causeur, la célèbre actrice chère à François Truffaut désire défendre "l'honneur de Roman Polanski", contre "le maccarthysme #MeToo". Autrement dit : la "chasse aux sorcières" #MeToo, expression largement usitée pour attaquer la crédibilité du mouvement féministe, comme le rappelle l'autrice Rose Lamy...
Fanny Ardant explique avoir "réfléchi à ce qu'elle voulait dire" avant cette interview. Mais elle n'y va pas par le dos de la cuillère. "Cette société accepte en silence ce mouvement – #MeToo – parce qu'elle a peur", détaille-t-elle. "La peur, plus le profit, cela donne des gens qui se mettent à genoux. Vous pouvez attaquer n'importe qui, personne ne bougera pour le défendre parce que chacun protège ses intérêts : Ne plus être " engagé ", ne plus gagner de l'argent, ne plus faire partie des " bienheureux du monde "... la plus grande peur !"
Dans les pages de Causeur, on ne se prive pas de décocher quelques compliments à l'adresse de l'actrice : "Fanny Ardant a le rare courage de dénoncer ce nouveau maccarthysme qui, comme le premier, réduit au silence et au chômage de grands artistes", peut-on lire à propos du mouvement #MeToo, qualifié de "meute".
L'actrice, développe la présentation du dossier central de ce numéro, y assure son opposition à cette vague de libération de la parole : "se confiant à Sabine Prokhoris, Fanny Ardant est formelle : "Je n'ai jamais voulu être une victime". À l'affiche du nouveau film de Roman Polanski (The Palace), elle sort de son habituelle réserve pour défendre le réalisateur qu'elle aime et admire".
Une prise de position qui n'a rien d'étonnant pour qui suit les déclarations publiques de la comédienne. Il y a deux, dans les pages du Point, elle développait avec conviction : "Il y a quelque chose en Roman d'irréductible qu'on n'a pas cassé. Quand on voit la vie qu'il a eue, on comprend. Je connais très peu de gens qui ont traversé toutes ces épreuves, le ghetto de Cracovie, l'assassinat de sa femme Sharon Tate... Oui, il a fait des erreurs. Mais qui n'en a pas fait ? La moitié d'entre nous devrait être en taule !"
En 2020, dans les pages de Closer, la comédienne affirmait déjà : "Quand j'aime quelqu'un, je l'aime passionnément. J'aime beaucoup Roman Polanski. Je suivrais quelqu'un jusqu'à la guillotine. Je n'aime pas la condamnation. Vous savez les gens qu'on aime, c'est comme votre famille".