C'est dans l'émission Clique sur Canal+ que Juliette Binoche a de nouveau mis les mots sur sa douloureuse expérience des violences sexistes et sexuelles. A l'instar de Judith Godrèche, l'actrice Césarisée et Oscarisée avait dénoncé l'impunité dans le petit monde du cinéma français en revenant pour "Libé" sur 20 ans d'abus.
Comme cette fois où sur le tournage du sulfureux "Rendez vous" d'André Téchiné, une main "est venue subitement toucher son sexe". "On ne m'avait pas prévenue, et encore moins demandé mon accord. Je n'ai jamais su si cette main provenait d'une demande du metteur en scène, ou si c'était l'acteur qui avait pris cette liberté et je n'ai pas trop envie de le savoir", se souvient-elle. Et auprès de Mouloud Achour, la brillante actrice tire une nouvelle fois la sonnette d'alarme...
"Le cinéaste Christophe Honoré m'a dit quelque chose de simple mais qui m'a vraiment fait du bien. Il m'a dit : 'Mais tu n'aurais pas dû vivre ça'... A la fois, je pense que ça m'a rendue plus forte, parce que ça rend plus courageux. Ça rend plus humain. Quand on vit des souffrances, des douleurs ou des difficultés, ça creuse certainement des failles en soi, parce que ça casse, ça trahit, ça malmène..."
Mais si Juliette Binoche s'est exprimée, les larmes aux yeux, c'est pour bousculer les lignes. Et en appeler à un changement majeur. Pas simplement dans le cinéma français d'ailleurs. "Si des hommes ou des femmes font mal à d'autres, c'est important qu'il y ait un dialogue qui s'installe, sinon, on reste toujours dans le manque de reconnaissance", affirme-t-elle face à un Mouloud Achour apparemment très attentif.
"Si les hommes reconnaissent, parlent, entendent et s'expriment, ça change tout. On attend ces réactions, mais moi je sens que les hommes se serrent les coudes, en se disant : 'Mais c'est quoi cette histoire, qu'est-ce qu'elles nous veulent, on n'a rien fait de mal...' Mais il faut reconnaître, en tant qu'homme qu'il y a des agresseurs !"
Un témoignage qui n'est pas resté sans réponse. Non, auprès des téléspectateurs, il a suscité quantité de réactions, et de soutiens : "Il ne faut pas attendre des hommes cette prise de conscience, mais éduquer non enfant en ce sens (fille comme garçon)", "Je n'ai jamais ressenti autant de tristesse dans le regard d'une femme. Ça me parle beaucoup", "Le retard ne se rattrape pas, mais le futur se conçoit. Les luttes d'aujourd'hui sont les libérations de demain", "Quelle épreuve.. vous faire revivre tous ces épisodes traumatisants .. vous deviez être comment dire "lessivée" après cette interview. Merci Juliette Binoche".