C'est l'histoire de Jacques (Pierre Deladonchamps), écrivain et père de famille parisien à la prose ironique. Il aime Arthur (Vincent Lacoste), étudiant breton insouciant et plein d'énergie. Nous sommes au début des années 90. Jacques est séropositif. Derrière ce synopsis limpide se cache le meilleur film du cinéaste et écrivain Christophe Honoré : Plaire, aimer et courir vite.
Plaire, aimer et courir vite est une love-story gay douce-amère sur fond de "génération Sida". Un mélodrame qui préfère se focaliser sur la vie, palpitante, plutôt que sur une finalité que l'on imagine bien moins joyeuse. Les comédiens, le jeune Vincent Lacoste le premier, privilégient d'ailleurs une spontanéité rafraîchissante, conférant à la relation qui se noue sous nos yeux une authenticité indéniable.
Mais Plaire, aimer et courir vite est également un film ouvertement charnel, dévoilant sans détour la sensualité des corps masculins qui se rencontrent et s'aiment, sur un lit ou au détour d'une rue. Des visions crues et complices, audacieuses. Autant de raisons de ne pas louper la diffusion de ce film à 20h55 ce mercredi 1er décembre sur Arte.
Vous pouvez également le rattraper sur le site de la chaîne et sur sa chaîne YouTube.
Si l'on aime Plaire, aimer et courir vite, c'est aussi pour ses références à la culture queer. Au détour d'une scène on pourra ainsi contempler la décoration de l'appartement de Pierre : un poster de Querelle (illustré par Andy Warhol), le dernier long-métrage du génie gay allemand Rainer Werner Fassbinder. Le personnage de Pierre est également un hommage à un grand nom de la littérature française : Hervé Guibert, cité dans le film.
Romancier, mais aussi photographe et journaliste, notamment connu pour ses autofictions fortes et crues, Hervé Guibert a appris en 1988 qu'il était atteint du sida. Il mourra trois ans plus tard suite à une tentative de suicide. Dans des oeuvres marquantes comme le livre Cytomégalovirus, et surtout le documentaire La Pudeur ou l'Impudeur (diffusé un an après sa mort), il rend compte de son expérience de la maladie.
Cela fait trente ans déjà que Hervé Guibert nous a quittés. A la suite de la diffusion de Plaire, aimer et courir vite, Arte propose celle d'un documentaire passionnant : Hervé Guibert, La mort propagande (du nom de l'un des romans de l'écrivain). Un portrait de l'artiste très intime et sensible, évoquant en un même mouvement la maladie, la littérature, l'amour, la photographie. Mais aussi, les morts de la "génération Sida".
Vous l'aurez compris, voilà deux programmes à ne pas louper.