C'est le réflexe qui grimpe. L'argument de la seconde main pour racheter les dégâts de l'industrie de la mode. Chez les particuliers ou les grandes enseignes, le don et la collecte de vêtements sont brandis comme la réponse (et l'excuse) à une consommation et à une pollution incontrôlables. En apparence.
Car, c'est ce que s'entache à prouver le journaliste Hugo Clément dans son émission Sur le front : Où finissent nos vêtements ?, diffusée dimanche 19 décembre sur France 5, la réalité est bien moins reluisante que la promesse. Et si l'on pensait ainsi recycler une partie des 10 kilos de pulls, jupes, pantalons, sweatshirts que l'on achète par an en moyenne, force est de constater qu'on se plante complètement.
Par exemple, les pièces usagées déposées dans les bennes de la Croix-Rouge française, à destination de personnes qui pourraient les réutiliser. Après de rigoureuses recherches, Hugo Clément découvre qu'une benne sur 30 seulement finit par être redistribuée. 3 % exactement. La très grande majorité atterrit dans des friperies, des "Vestiboutiques" de la Croix-Rouge et enfin, est vendue à un industriel qui les triera en fonction de leur qualité et de leur propreté, résume le HuffPost.
D'après l'éco-organisme de la filière textile Re-fashion, que le reporter cite dans le documentaire, les vêtements collectés en 2020 ont été répartis ainsi : 10 % ont été brûlées pour chauffer des habitations, 33 % recyclés et le reste, soit 54 % du total, est exporté à l'international, principalement en Afrique, où leur importation (plus de 15 millions de pièces par semaine, d'après l'association The Or Foundation) crée des décharges à ciel ouvert. La trop faible qualité des produits ne permet pas qu'ils soient tous revendus à des commerçants locaux.
"La seconde main sert d'excuse aux habitants des pays riches pour consommer toujours plus, sans se poser de questions sur les conséquences de leurs achats", dénonce Liz Ricketts, militante écologiste et fondatrice de The Or Fondation, qui alerte sur les ravages causés au Ghana, que Sur le front filme. Et d'ajouter : "Tant que nous enverrons nos vieux vêtements pour en acheter de nouveaux, nous n'arriverons jamais à faire du développement durable."
Alors, que faire ?
"Nous savons tous que la mode est une industrie extrêmement polluante ; elle rejette deux fois plus de CO2 que tout le transport mondial aérien. Mais j'étais loin de me douter que même dans leur deuxième vie, nos habits continuent d'endommager les écosystèmes en polluant les cours d'eau et les plages africaines", confie Hugo Clément, dépassé.
La solution, c'est Julia Faure, cofondatrice d'une marque éthique et du collectif En mode climat, qui la martèle face caméra : "Mon message c'est : arrêtez d'acheter des habits", presse-t-elle. Une résolution à intégrer urgemment, et à suivre sans attendre.