« Le grand livre de l’orthographe » (Jean-Yves Dournon, Le Livre de Poche), « Le petit livre de la grammaire facile » (Jean-Joseph Julaud, First Editions), « Le français est un jeu » (Pierre Jaskarzec, Librio) ou encore « Difficultés du Français » (Jean-Pierre Colignon, Librio) ; le catalogue des guides pour devenir un as de la langue de Molière est inépuisable. Et pour cause, si certains adultes maîtrisent depuis l’enfance, et à la perfection, le zéro faute en orthographe, beaucoup d’autres s’arrachent régulièrement les cheveux pour un accord de participe passé ou un doute sur un double « p ». La grammaire, la conjugaison, les accords de genre, de nombre et les invariables se transforment ainsi en un véritable cauchemar, constituant parfois des freins à l’évolution d’une carrière. En effet, une lettre de motivation ou un simple mail truffé de fautes vous feront inévitablement perdre des points de crédibilité auprès de votre interlocuteur.
Pourtant, ne pas être bon en orthographe n’a de lien ni avec l’intelligence ni avec les compétences. Que l’on ait fait des études ou pas n’aura pas d’incidence si les bases ne sont pas acquises d’entrée de jeu. « C’est le hasard de la vie, atteste Bernard Fripiat, auteur de « Se réconcilier avec l’orthographe ». Vous avez peut-être une bonne mémoire visuelle ou vous avez eu un bon professeur de français. Mais l’orthographe n’est pas un signe d’intelligence. » Et d’ajouter : « c’est un problème de mémoire. C’est comme les tables de multiplication, le tout est de bien amener la matière pour la mémoriser du mieux possible. » Pour limiter le risque d’erreurs, Bernard Fripiat conseille ainsi une méthode qui a fait ses preuves : la mnémotechnie. Ces petites astuces permettent souvent de retenir plus facilement les règles de base de notre langue. D’ailleurs, tout le monde (ou presque) se souvient de cette fameuse phrase : « Mais où est donc Ornicar ? » (mais où est donc or ni car) apprise dans notre enfance et visant à mémoriser les conjonctions de coordination.
A l’opposé, « le stress est l’ennemi de l’orthographe, surtout pour ceux qui ont une bonne mémoire visuelle », note Bernard Fripiat. En effet, les difficultés ne sont pas les mêmes selon le type de mémoire. « Ecrivez-vous ‘apercevoir’ avec un ou deux ‘p’ ? Lorsqu’on a une bonne mémoire visuelle, la réponse saute aux yeux. Et en cas de doute, le simple fait d’écrire les deux solutions suffit, là encore, à trouver la bonne orthographe. Mais en situation de stress, l’exercice s’avère nettement plus compliqué. On trouve alors rarement la bonne réponse, car on l’avait retenue d’instinct sans faire appel à quelque réflexion que ce soit. »
Qu’en est-il pour les homonymes ? Comment ne plus hésiter entre « ce » et « se » ? Comment accorder tel ou tel participe passé ? Dans ces situations, la mémoire visuelle n’est plus d’aucun secours. « Dans certains cas, j’ai davantage recours à l’oral, confie le coach en orthographe. Une de mes principales recommandations, pour trouver une terminaison, consiste par exemple à mettre le terme ou le groupe de mots au féminin. Une grande part de l’orthographe se retrouve alors à l’oreille. »
Mais les lacunes orthographiques sont également liées aux origines de chaque individu. Par exemple, une personne originaire du Nord aura moins de problèmes avec les accents, tandis qu’un Marseillais, en raison de son accent, aura davantage de difficultés à distinguer les sons « é » et « è ». Quoi qu’il en soit, être nul en orthographe n’est pas une maladie. Chacun peut s’améliorer. « Je conseille aux personnes concernées de faire la liste, pendant un mois, des mots sur lesquels elles butent, de noter la correction puis de mémoriser ce répertoire. Elles constateront rapidement une amélioration de leur niveau. »
Marie-Laure Makouke
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