Et si cette troisième saison de la série Baron Noir était la meilleure de toutes ? On prend un plaisir monstre à retrouver Philippe Rickwaert, ce conseiller de l'ombre aussi manipulateur que sincère, incarné avec conviction par Kad Merad. Mais surtout, alors que le personnage de Michel Vidal prend de plus en plus d'ampleur (un cousin éloigné de Jean-Luc Mélenchon auquel François Morel prête toute sa grâce), celui de la première présidente de la République flamboie comme jamais. Il faut dire que le rôle d'Amélie Dorendeu va comme un gant à Anna Mouglalis, qui, plus encore que dans les deux précédentes saisons, a l'étoffe et l'éloquence d'une femme de pouvoir. C'est captivant.
Baron Noir, une série de Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon.
A visionner sur Canal +.
Ma séance "rattrapage-express" des meilleurs albums de l'an passé se poursuit avec l'écoute du premier opus - envoûtant - de Better Oblivion Community Center. Derrière ce blaze à rallonge, un duo de musiciens indie rock, constitué de Conor Oberst (qui vous a, entre autres, fait chialer avec son tube "First day of my life") et de Phoebe Bridgers (une brillante héritière d'Elliott Smith). Traversée d'errances à l'intensité folk, leur musique est entêtante et mélancolique, idéale pour mieux supporter l'ennui des jours de pluie. Et leurs voix si harmonieuses qu'elles renvoient à un autre duo : Adam Green et Binki Shapiro, à l'origine d'un tout aussi bon album. Vivement la suite.
Better Oblivion Community Center, par Better Oblivion Community Center
Label Dead Oceans.
On écoute Bouffons, le podcast qui donne faim
Émilie Laystary, la voix derrière la saison 3 de Bouffons, réussit le pari pas si simple de nous faire sentir les plats qu'elle conte, qu'elle décrypte, qu'elle décortique à l'oral. Chaque mercredi, elle reçoit deux ou trois invité·es qui se succèdent au micro pour parler d'une spécialité qu'ils maîtrisent, ou affectionnent particulièrement. Entre deux bouchées sonores, l'autrice aborde des sujets de fond. "Syrie : cuisiner loin de chez soi" en est la preuve. L'épisode de cette semaine porte sur la cuisine en couple : les biais genrés qu'on lui associe, le parallélisme entre bouffe et amour, les courses, la viande, les disputes entre l'entrée et le dessert. On écoute l'émission le matin, au petit-déj', ou le soir, pendant qu'on se prépare des gnocchis frais à la ricotta, avec ou sans partenaire.
Podcast Bouffons, tous les mercredis, Nouvelles Ecoutes
La fondatrice du génial site de mode et lifestyle Man Repeller ("qui repousse les hommes", en anglais) gagne à être connue (et suivie sur Instagram). Déjà pour son style qui donne envie d'oser au-delà du tiercé parisien (bleu marine, noir, gris) chic mais chiant. Ensuite pour son autodérision cynique qui redonne foi en l'humour américain (les blagues de toilettes, très peu pour moi). Surtout pour sa "Week review", la story en pointillés qui résume toute sa semaine, soit principalement des photos de ses jumelles en bas âge qui, à son grand désespoir, préfèrent son mari. Ou des clichés de Fashion Week qui n'oublient pas d'être drôles. Rien qu'un coup d'oeil sur son compte file le sourire. Et parfois, on en a besoin.
manrepeller.com
Elle oeuvrait jusqu'à présent dans l'ombre, mais en 2020, Victoria Monét va (enfin) prendre la lumière. Cette autrice-compositrice-interprète de 26 ans est l'arme secrète d'Ariana Grande, écrivant et produisant quasiment tous ses tubes depuis 2013. En janvier dernier, elle était d'ailleurs la seule productrice nommée aux Grammy Awards. Et après le single empouvoirant Ass Like That, Monét vient de balancer une nouvelle petite bombe, Moment, prémices à un projet solo, Jaguar. Le timbre est délicieusement soul, les arrangements magnifiques. Et la super badass Victoria, qui a fait son coming out bi en 2018, promet de devenir l'une des (sublimes) voix queers et féministes qui portent.
Victoria Monét, single Moment, Tribe Records
La "awards season" aura été une vraie joie pour moi cette année. En dépit du l'absence désespérante de femmes nommées, le casting était particulièrement somptueux. Que de grands et beaux films, que d'icônes. Et je me suis réjouie du grand chelem (et des discours) de Joaquin Phoenix, l'un de mes acteurs préférés. Pendant ce marathon de cérémonies, j'ai suivi avec délectation le compte Instagram du photographe anglais Greg Williams. Habitué à capter l'ambiance frémissante des coulisses, il m'a régalée avec ses beaux clichés de stars en noir et blanc, des instants suspendus, complices ou drôles, sur le tapis rouge ou en backstage. L'avant et l'après trophée. Cool et glossy.
Compte Instagram de Greg Williams