"Je ne comprends absolument pas cette polémique !"
Ca, c'est ce que déclare l'écrivain Yannick Haenel sur le plateau de l'émission L'événement, à propos des caricatures de Charlie Hebdo qui sont venues ponctuer le procès des viols de Mazan. Affaire historique (on vous l'explique ici), au sein de laquelle ces dessins sont venus susciter la controverse.
Il y a par exemple eu celui de Felix, mix improbable entre le calvaire de Gisèle Pelicot et... L'amour ouf. Sur ce dessin, le titre du film de Gilles Lellouche, avec François Civil et Adèle Exarchopolous, est effectivement cité, alors que sont représentés les multiples violeurs de la principale concernée (dessinée inconsciente, sur un lit), hommes qui apparaissent dénudés, en file indienne. Et puis, il y a cet autre dessin, où Gisèle Pelicot est représentée en train de suspendre joyeusement des testicules à un sapin de Noel...
Autant de représentations très controversées, accusées de rire du viol, d'employer un mauvais goût décomplexé à l'aune d'un procès primordial, décalé par rapport au sujet (une même accusation pèse sur cette caricature polémique d'Adèle Haenel). Nous avions dédié un article à cette énorme controverse.
Et c'est justement ce à quoi réagit l'intellectuel Yannick Haenel, devant les caméras de France 2 : "Je ne vois pas ça de manière dégradante pour Gisèle Pelicot...", commence-t-il à l'adresse de Caroline Roux. Pour lui, il n'y a pas lieu à scandale. "Ce qui est dégradant, c’est ce qui lui est arrivé". Et l'écrivain ne s'arrête pas là...
Yannick Haenel de poursuivre sur le même ton à propos de ces caricatures : "Je crois que le rire suppose une forme d'intelligence chez les personnes avec qui on rit. L'humour émane d'une forme de vérité qui vient de très loin, qui vient des Lumière, et qui demande à être pensé..."
Ces dessins, trop éclairés, trop "élevés", pour des esprits trop soucieux des controverses et des "bad buzz" ? En tout cas, à en croire l'intellectuel, ils pourraient même faire rire... Gisèle Pelicot elle-même. Oui oui. C'est ce qu'il suggère face à la journaliste Caroline Roux : "Gisèle Pélicot ne manque absolument pas d’humour !... Ce qui est dégradant c'est ce qui vient de ces hommes. L'immondice du genre humain masculin, la domination dans ce qu'il y a de pire".
De quoi faire taire la polémique ?
Rien n'est moins certain, rappelez-vous...
"Aucun mot n’est assez fort pour dire le dégoût que vous m’inspirez. Il faut être tombé vraiment bien bas pour ne compter plus que sur des dessins ignobles pour exister", avait fustigé une internaute en direction du journal, au temps de la première caricature du procès des viols de Mazan. Et un autre d'abonder : "On a compris que vous ne fonctionnez que par la recherche de bad buzz avec des unes déplacées, il n’y a même pas une once d’humour, seulement du mauvais gout ca devient répétitif".
"Il n'y avait aucune, je dis bien aucune, pas une seule once d'humour dans ce dessin pitoyable. Vous êtes tombés si bas. Honte et dégout sont les seuls qualificatifs qui vaillent pour vous", "Les dessins n'étaient pas drôles", pouvait-on également lire sur les réseaux sociaux. Des satires qui clivent plutôt intensément, comme on peut le remarquer.
"Je vous encourage à lire tout ce que l'on peut lire sur ce procès extraordinaire", rétorque à tout cela Yannick Haenel, sur le plateau de L'événement... Un débat qui n'en finit pas ?