






De l'entertainement à l'inquiétude ?
C'est plutôt vertigineux ce qui s'énonce outre atlantique. Les médias people et pop n'ont qu'une affaire en bouche : la bataille juridique et surtout médiatique opposant Blake Lively et Justin Baldoni. Le 21 décembre 2024, Blake Lively a porté plainte contre Justin Baldoni. L'actrice accuse son partenaire à l'écran dans "It Ends With Us" de harcèlement sexuel. Mais elle l'accuse également d'avoir mené à son encontre une énorme campagne de diffamation en ligne afin de détruire sa réputation.
Ses allégations se retrouvent dans une enquête du New York Times que nous vous détaillons ici. Justin Baldoni a publiquement nié les faits puis diffusé par le biais de son avocat la vidéo des coulisses du tournage, censée prouver le consentement de Blake Lively. Une vidéo qui selon l'actrice prouve au contraire son malaise absolu : on vous raconte pourquoi ici.
Blake Lively et Justin Baldoni se confrontent par média, interview et "buzz" interposés. Quand bien même il semble ces dernières semaines plus "tendance" de s'acharner contre l'actrice, qui semble connaître le triste destin d'une Amber Heard. Bien qu'elle aussi ne soit pas dépourvue de torts : la promotion jugée catastrophique de Jamais plus, et les nombreuses évocations de ses interférences dans l'écriture du projet (dont elle est l'une des productrices) le démontrent.
Mais si toutes ces nuances sont autant de chapitres à l'affaire, l'heure n'est plus au divertissement. C'est ce sur quoi insiste le Hollywood Reporter.
L'espace d'une tribune abondamment relayée, le magazine spécialisé de l'industrie cinématographique constate la catastrophique médiatisation de l'affaire. A en lire cet article très critique, plus personne ne prend la peine de dissocier rumeurs et vérités, théories du complot et faits. Surtout, les deux stars seraient en plein processus... D'autodestruction, se malmenant tant et si bien qu'ils risquent leur propre perte.
Et l'affaire elle-même de devenir... Une série Netflix, aux rebondissements d'autant plus inquiétants qu'ils sont réels.
On vous explique...
Après s'être abreuvés de cette rixe, les médias s'en inquiètent.
Le Hollywood Reporter déplore que la presse et le public "se nourrissent de la meilleure querelle d’Hollywood" alors que les deux partis s'exercent à défendre leur version. Alors que certains sortent le popcorn et érigent la moindre supposition en révélation sur TikTok, la future lutte juridique s'écrit déjà largement sur le terrain médiatique.
"Tout le monde est insatiable. Mais rien de tout cela ne semble aider beaucoup Lively ou Baldoni. C’est juste un drame hollywoodien", observe le journal. Pourquoi est-ce dangereux ? Car il est question d'une affaire impliquant supposément du harcèlement sexuel, du harcèlement sexiste, des violences sexistes, et de la misogynie. Et à travers tout cela, d'éventuelles manipulations, diffamations, jeux de pouvoir.
Et que tous les documents relayés ces dernières semaines, comme la plainte de 80 pages de Blake Lively, exigent nuances et recul. "Si vous ne lisez que la plainte de 80 pages de Lively, vous serez convaincu que Baldoni est un faux féministe qui a fait des commentaires inappropriés à sa co-star, l’a forcée à tourner des scènes très intimes sans son consentement, puis a discrètement ordonné une campagne sur les réseaux sociaux pour salir Lively. Si vous ne lisez que la plainte de 224 pages de Baldoni, vous serez convaincu que Lively est une diva du harcèlement qui, aidée par son mari Ryan Reynolds, a fabriqué une liste de plaintes pour harcèlement hors contexte afin de prendre le contrôle créatif d’un film", résume avec clairvoyance le Hollywood Reporter.
Et le journal d'ironiser avec fracas : "dans les deux cas, vous serez convaincu que vous ne voulez jamais travailler à Hollywood et que vous devriez plutôt chercher une carrière moins périlleuse, comme opérateur d’équipement minier ou soudeur sous-marin".
Cela, on ne peut guère le nier. "Toujours est-il qu'il est absurde de porter un jugement sur la validité de leurs plaintes".
Mais se souciant peu de la qualité de messages vocaux divulgués d'un côté (ceux de Justin Baldoni), ou de celle d'images et de documents de l'autre, compromettants à en lire celui ou celle qui en use comme argument d'autorité, réseaux sociaux et tabloïds se contentent de surfer sur une vague forcément dévastatrice.
Jusqu'à quand ?