Port de la burqa, restriction des libertés de mouvement, interdiction de travailler et d'étudier, fermeture des écoles pour filles... Pour bien des raisons, le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan le 15 août dernier menace les droits fondamentaux des filles et femmes afghanes. Mais c'est également une situation dramatique pour des personnes déjà largement mises à mal au sein du pays : la communauté LGBTQ.
La BBC tire d'ailleurs la sonnette d'alarme à ce sujet : les personnes homosexuelles seraient désormais menacées de mort. Ces dernières craignent d'ailleurs d'être "tuées sur le champ" si leur sexualité était révélée au sein du contexte actuel. "Les talibans tueront les LGBT. Il n'y a pas d'avenir pour nous en Afghanistan. Je ne pense pas que je pourrais un jour poursuivre mes études. Mes amis, j'ai perdu contact avec eux. Je ne sais pas s'ils vont bien", développe à ce titre Abdul, un jeune Afghan gay.
"Mon partenaire, il est coincé dans une autre ville avec sa famille. Je ne peux pas y aller, il ne peut pas venir ici. J'ai entendu mes parents et mes aînés parler des talibans. Nous avons regardé des films. Mais maintenant, c'est comme être à l'intérieur d'un film", poursuit Abdul avec la même inquiétude. Alors que les talibans sont dans les rues, cela fait plus de quatre jours que le jeune homme est enfermé chez lui.
"Même quand je vois les talibans par les fenêtres, j'ai vraiment peur. Mon corps commence à trembler en les voyant. Des civils sont tués. Je ne pense pas que je parlerai jamais devant eux", explique encore l'interlocuteur. A l'écouter, le retour des talibans en Afghanistan exacerbe une situation qui était déjà très critique pour les personnes LGBT au sein du pays. "En tant qu'homosexuel en Afghanistan, vous ne pouvez pas faire votre coming out, même à votre famille ou à vos amis. Si je fais mon coming out à ma famille, peut-être qu'ils me battront, peut-être qu'ils me tueront", déplore à ce titre le jeune homme.
Aujourd'hui, Abdul craint de devoir abandonner ses études et sa vie avec ses amis et son compagnon, au sein du centre-ville. Confiné chez lui, il observe les femmes de son entourage adopter la même attitude. Sortir très peu, et seulement en compagnie d'un homme. "Je suis en dépression sévère. J'ai des pensées pour en finir. Je ne veux pas vivre ce genre de vie. Je veux un avenir où je peux vivre librement, et ne pas être pointé du doigt par des gens qui disent que vous ne pouvez pas être gay ici. Même si les talibans devaient accepter une femme au gouvernement, ils n'accepteront jamais les homosexuels ou les LGBT", constate avec tristesse le jeune homme de 21 ans.
Un témoignage qui résonne comme une alerte faite à l'opinion publique, dans l'urgence d'un pays meurtri. Comme le rappelle France 24, les homosexuels étaient systématiquement tués lors du dernier régime taliban, sous couvert de la loi islamique, la charia.