Culture
Aïda Touihri : « Le journalisme n'était pas une vocation »
Publié le 12 octobre 2011 à 09:39
Par Marie-Laure Makouke
Elle annonce les bonnes et les mauvaises nouvelles du monde tous les jours à « 12h45 » sur M6 et fait un tour d'horizon de l'actualité internationale chaque dimanche en « 66 Minutes ». A 34 ans, Aïda Touihri est une figure phare du paysage télévisuel français. Portrait d'une journaliste reconnue, au parcours aussi atypique qu'exemplaire.
Aïda Touihri : « Le journalisme n'était pas une vocation » Aïda Touihri : « Le journalisme n'était pas une vocation »
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On ne présente plus Aïda Touihri. Vedette du petit écran, elle est le visage du journal télévisé de la mi-journée sur M6 depuis 2009 et captive plusieurs millions de téléspectateurs, chaque dimanche, avec le « 66 Minutes ». Pourtant, rien ne prédestinait la jeune femme de 34 ans à exercer ce métier. Elle avoue d’ailleurs n’avoir jamais su qu’elle voulait être journaliste. « Ce n’était pas une vocation. J’ai un peu tâtonné. J’ai d’abord fait des études de médecine puis de psychologie, avant de m’apercevoir que ce n’était pas du tout mon truc. » C’est lors d’un grand tournoi sportif qu’elle découvre finalement le métier. « J’étais bénévole au centre des médias pendant le Mondial de football 98. Je côtoyais les journalistes jour après jour, je découvrais leur quotidien, leur profession, les interviews. A partir de là, ça a été une évidence », assure-t-elle.

De RTL à France Inter
Séduite et convaincue d’avoir trouvé sa voie, elle intègre une école de journalisme privée à Lyon, qu’elle quittera trois mois plus tard. « L’année scolaire coûtait extrêmement cher. Etant issue d’une famille modeste, j’avais imaginé pouvoir suivre les cours et travailler en parallèle pour les payer. Mais je n’ai tenu le rythme qu’un trimestre. » Dans son malheur, l’étudiante a la chance d’avoir été repérée par l’un de ses professeur, Marie-Hélène Sans, alors directrice du bureau de RTL Lyon, qui lui offre un stage non-rémunéré au sein de sa rédaction. Grâce aux contacts qu’elle a pu établir pendant sa formation écourtée, la journaliste en herbe devient par ailleurs correspondante locale de presse régionale pour le Progrès de Bron/ Saint-Priest. « Il n’y avait ni cArte de presse ni salaire, seulement des honoraires payés au lance-pierres, mais ça m’était égal. Je travaillais chaque week-end et couvrais toutes les compétitions sportives : de la saison nationale de handball à la lutte, en passant par l’athlétisme. »
Son premier sujet télé, Aïda Touihri le signe pour TF1. A l’époque, elle est encore stagiaire. « La directrice d’une société de production, en contact avec Marie-Hélène Sans, m’a commandé un sujet farfelu sur la neige au mois de juillet sur le col du Galibier. Il devait être diffusé pendant le journal de 13 heures et, du fait de mon inexpérience, être remanié par les équipes de TF1 à Paris avant d’être mis à l’antenne. Mais le rédacteur en chef n’a finalement pas jugé nécessaire de modifier quoi que ce soit. C’était mon premier sujet télé, et il a fait l’ouverture du journal de Jean-Pierre Pernaut ! », se souvient-elle avec fierté.
Petit à petit, la jeune journaliste se fait un nom dans le milieu. Grande passionnée de sport, elle collabore régulièrement avec L’Equipe TV, alors dirigée par un certain Vincent Régnier. En 2000, lauréate des Espoirs François Chalais du Jeune Reporter, elle gagne trois mois de stage rémunérés à France Inter à Paris. Elle y restera trois ans. « J’ai quitté la radio de mon propre chef, précise-t-elle, pour partir vivre à l’étranger. »

« Les chiffres d’audience m’importent peu »
« Expatriée » en Algérie, la jeune femme travaille en freelance. Elle collabore avec divers supports (Jeune Afrique-L’Intelligent, Afrique Magazine, RMC, Radio France, Radio Orient, Arte), jusqu’à ce jour où Vincent Régnier, devenu directeur adjoint de l’information à M6 lui demande de prendre le chemin du retour. « Il m’a expliqué qu’il cherchait de nouvelles têtes pour une nouvelle émission. J’étais au soleil, les doigts de pieds en éventail sur ma terrasse et n’avais aucune envie de rentrer en France, plaisante-elle. Après réflexion, j’ai finalement accepté de prendre part au projet de la chaîne. » Depuis 2005, Aïda Touihri est donc devenue une des animatrices phare de M6. Après avoir présenté le magazine « Blog 6 » puis le flash info du « Morning Live », elle est aujourd’hui aux commandes du « 12h45 » du lundi au vendredi, et du « 66 Minutes » chaque dimanche.
D’ailleurs, la saison dernière (2010-211), ce rendez-vous dominical a réalisé ses meilleures audiences, en rassemblant 13,7 % de téléspectateurs en moyenne. Et là où d’autres journalistes se gargariseraient de tels résultats, Aïda Touihri affirme ne pas s’attarder sur ces chiffres. « Je résonne davantage en termes d’intérêt, explique-t-elle. Par exemple, je me souviens d’un reportage sur les SDF qui avait touché les téléspectateurs à tel point que nous avions reçu, la semaine suivante, des colis contenant des denrées, des couvertures, etc. A ce moment, j’ai eu le sentiment que le travail réalisé avec mon équipe avait été utile. Et l’audience m’importait peu. » Quoi qu’il en soit, si sur certaines chaînes concurrentes les magazines d’information peinent à trouver un public, le « 66 Minutes » a réussi à fidéliser le sien. Le secret ? Un juste dosage entre les sujets lourds comme les tueries orchestrées en Syrie par le président El-Assad et les sujets légers à l’image de la guerre des post-it qui a fait rage cet été.

« J’aimerais écrire une fiction pour enfants »
Déjà aux manettes de deux formats à fort potentiel d’audience, Aïda Touihri pourrait en ajouter un troisième voire un quatrième à son panier. En effet, elle envisage de coprésenter une émission avec son amie Mélissa Theuriau et travaille actuellement sur un projet auquel devraient prendre part Estelle Denis, Valérie Damidot ou encore Karine Lemarchand. « Nous sommes, chez M6, un groupe de filles avec beaucoup d’affinités et il nous semble que le paysage télévisuel français manque d’une émission féminine à l'image de ce qu'était « Froufrou ». Aujourd’hui, hormis Téva, il n’existe pas de chaîne généraliste qui propose un contenu féminin. Loin de nous, toutefois, l’idée d’exclure les hommes. D’autant que nous connaissons leur goût pour la presse féminine », glisse celle qui se dit opposée aux quotas et à la discrimination positive qu’ils impliquent. D’ailleurs, concernant la présence des femmes dans les médias, elle estime que « les choses doivent se faire naturellement, sans contrainte ». Outre ces nouveaux formats, un retour à la radio est également envisagé. « Il s’agirait d’une émission qui traiterait l’actualité de manière décalée, sur une radio du service public puisque c’est là que j’ai commencé », confie Aïda Touihri à demi-mot.
L’avenir s’annonce donc chargé pour la journaliste vedette qui avoue pourtant n’avoir jamais eu « de plan de carrière. Où je serai dans cinq ans ? Peut-être toujours chez M6 ; je m’y plais et je ne suis pas de ceux qui pensent que l’herbe est toujours plus verte ailleurs. Il est aussi possible que je n’y sois plus. Je vais là où me mènent les opportunités. J’aimerais beaucoup écrire une fiction pour enfants, par exemple. Qui sait ? Dans cinq ans, je ne serai peut-être plus journaliste mais romancière. » Affaire à suivre...





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