Après trois livres sur les liens entre « Mères et filles », « Mères et fils » parus aux Editions Aubanel et « Frères et sœurs » chez La Martinière, c’est désormais sur les ondes que Béatrice et Ariane Massenet partagent leur passion commune pour le thème des relations familiales. Chaque samedi, dans « C’est de famille » sur Europe 1, elles invitent une célébrité à revivre son enfance, son adolescence et ses débuts professionnels, et ce, en présence d’un membre de sa famille. Une longue conversation, alternant fou rire et émotion, et permettant aux auditeurs de poser un regard neuf sur les célèbres invités des deux soeurs.
Béatrice Massenet : Il s’agit d’une conversation radiophonique entre quatre personnes. J'insiste sur le fait que ce n’est pas une interview classique. D’abord, les invités ne viennent pas faire la promotion de quelque album ou film que ce soit. Ensuite, nous ne voulions, et ne pouvions, pas imposer le cadre strict qu'impose une interview.
L’émission traite d’un sujet intime : les relations familiales. Nous devions donc permettre à nos invités de répondre à nos questions tout en les laissant s’exprimer librement. Bien sûr, Ariane et moi préparons en amont un certain nombre de questions que nous souhaitons leur poser, mais ils peuvent rebondir quand ils le souhaitent.
Ariane Massenet : Nous voulions surtout rester fidèles à la façon dont nous avions travaillé pour « Mères et filles, ce que je voudrais te dire… », « Mères et fils, ce que je voudrais te dire… » (Édition Aubanel) et « Frères et sœurs, ce que je voudrais te dire… » (La Martinière).
« C’est de famille » est donc une émission de discussions au cours de laquelle nous abordons, avec nos invités, leur enfance, les faits marquants de leur adolescence et les relations qu’ils entretiennent avec les membres de leur famille.
Le fait que Béatrice et moi soyons sœurs apporte une vraie valeur ajoutée et instaure un climat familial. Ce lien nous permet également d’interagir spontanément. Nous connaissons la complexité des rapports fraternels ; et nos invités le savent.
A. M. : Nous avions déjà publié ces trois livres sur les relations familiales et nous étions frustrées de ne pas réussir à rendre, à l’écrit, les émotions exactes des interviews réalisées. Nous écrivions « rires » ou « il hésite » comme il est d'usage de le faire dans la presse écrite mais nous n’étions pas satisfaites. La radio nous a paru être le média idéal pour y parvenir.
Par contre, nous n’avons jamais souhaité faire de « C’est de famille » un programme télévisé. En effet, devant une caméra, les personnalités contrôlent automatiquement leurs réactions. Elles se seraient révélées moins sincères, moins accessibles. Quant aux proches, ils sont rarement habitués à l’énorme machine qu’est la télévision avec ses équipes techniques, ses lumières, son public, etc. Ils auraient donc pu être facilement intimidés voire effrayés.
Enfin, on a voulu éviter de tomber dans le pathos avec, par exemple, un zoom sur les yeux rougis ou les larmes d’un invité.
A. M. : Quel que soit leur domaine d’activité ou leur statut, les personnalités se comportent très différemment en présence d’un proche. Leur discours est lui aussi différent. Avec un frère ou une sœur à leur côté, il leur est en effet difficile de réciter un discours de communiquant ou pire, de mentir. C’est très intéressant de voir à quel point une personne que l’on croise très régulièrement dans le cadre professionnel apparaît transformée en famille. Mais nos invités en ont pleinement conscience. D’ailleurs, lorsqu’ils acceptent notre invitation, c’est souvent pour faire une parenthèse dans leur routine professionnelle. Ils se comportent donc, dans le studio, comme en privé. Une fois les micros éteints, certains nous confient que l’émission a eu l’effet d’une thérapie. D’une manière générale, il semble que « C’est de famille » leur fasse du bien.
B. M. : Dès l’instant où ils acceptent de participer à l’émission, les invités savent qu’ils devront être sincères. Leur démarche est facilitée par l’empathie qui règne dans le studio. Nous les replongeons dans leurs souvenirs d’enfance et ils revivent avec nous certains épisodes de leur vie, comme leurs débuts professionnels. Ils ne peuvent qu’être vrais et naturels. D’ailleurs, nous rions beaucoup pendant ces émissions. Parfois, à l’inverse, certaines personnalités, habituées à contrôler leur image, sont émues au point de verser quelques larmes. Mais il s’agit toujours de noble intimité.
B. M. : Il y en a eu tellement. Les premiers noms qui me viennent à l’esprit sont Jean-Pierre Raffarin et sa sœur Françoise, Isabelle et Christine Ockrent, Rachida et Malika Dati, Eli Semoun et Anne-Judith ou encore Bernard et Jacques Attali. Ce sont des personnes étonnantes et très intéressantes. Même si l’on n’est pas passionné par leur vie, leur histoire ne peut que nous toucher. Ces célébrités sont très attachantes.
A. M. : Depuis l’émission, certaines fratries ont resserré les liens qui les unissent. C’est notamment le cas de Patrick Poivre d’Arvor et de son frère Olivier. Depuis l’émission, ils s’appellent davantage et s’accordent plus de temps l’un à l’autre.
A. M. : C’était notre souhait dès le départ. Ma sœur et moi travaillons sur le thème des relations familiales depuis sept ans. Nous ne voulions donc pas que l’adaptation radiophonique de ces longues années de travail ne se limite qu’à la période estivale. Nous n’envisagions pas non plus de nous cantonner aux relations fraternelles.
B. M. : Nous n’avons pas encore les chiffres d’audience, nous ne savons donc pas encore précisément à quel point l’émission a fonctionné cet été. Toutefois, effectivement, qu’il s’agisse des médias ou des auditeurs, les réactions sont effectivement globalement très positives.
Je pense que l’émission plaît car elle aborde un thème universel qui touche tout le monde. Les auditeurs se reconnaissent dans les témoignages de ces célébrités. Qu’ils les apprécient ou pas, ils s’identifient à elles d’autant plus facilement qu’elles sont issues de milieux très divers (télévision, spectacle, chanson, littérature, politique, etc.) et ont toujours une histoire personnelle très en relief.
B. M. : Dans l’ensemble, le concept reste inchangé. La « nouvelle » version est cependant écourtée de 30 minutes ; un format qui nous permet d’être plus incisives, de donner plus de rythme à l’émission. Par ailleurs, nos invités ne seront plus exclusivement des frères et sœurs mais ils pourront être mères et fils ou pères et filles (et inversement), oncles, cousins, etc. En bref, nous nous intéressons désormais à la famille élargie.
B. M. : J’aimerais, à la fois faire de la radio, de la télé, travailler sur le média Internet mais aussi le papier. C’est un programme chargé mais j’ai besoin de diversité. Dans un premier temps, j’envisage de réaliser un documentaire pour la télévision, toujours sur le thème des relations familiales.
A. M. : Tous les jours, à 19 heures, je coanime « Le Grand Journal » de Canal+. Le samedi, sur la même chaîne, j’anime le « News Show » à 12 heures 45 avant d’enchaîner avec « C’est de famille », sur Europe 1, de 14 heures à 15 heures.
Crédit photo : Story Box Photo / Europe 1
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