Béatrice Massenet : Ce qu’on essaye de faire, ce sont des entretiens qui résonnent auprès de tout le monde. N’importe quelle personne qui a un frère ou une sœur peut retrouver un bout de sa propre histoire en lisant ces témoignages. Evidemment il y a des gens dont on ne soupçonnait pas la force des liens, par exemple la famille Béart. Emmanuelle Béart a une image assez glacée, hautaine ; on n’imaginait pas ce qu’elle avait vécu pendant son enfance, ni qu’elle ait des liens si forts avec ses frères. On pensait vraiment qu’elle se livrerait moins, Or elle s’est montrée sous un jour sous lequel on ne l’avait jamais vu. C’est quelqu’un de gai, de joyeux, avec ses frères il y a une vraie complicité ; ils se chamaillent, la mettent en boîte.
B.M. : La pudeur existe beaucoup chez les hommes. Les femmes sont plus extraverties, elles font l’analyse des sentiments, elles savent la traduire avec des mots. Ce n’est pas tant qu’elles sont plus proches mais qu’elles l’expriment. Avec les garçons la conversation a été plus compliquée. Les frères Beigbeder par exemple : Frédéric a écrit un livre sur l’histoire de sa famille où il parle évidemment de son frère, on pouvait supposer que c’était non seulement quelque chose qui l’intéressait mais qu’il avait des choses précises à dire. Pourtant dès qu’on a parlé de sentiments, les deux frères ont une sorte de pudeur incroyable. C’est ce qui nous intéressait, faire réagir des frères et sœurs ensemble. Si on les avait interrogés séparément, ils n’auraient certainement pas choisi mêmes mots.
B.M. : Certainement, vous savez il y a très peu de moments dans la vie où l’on peut s’arrêter pour réfléchir aux liens familiaux, parce que pour tout le monde, c’est une espèce d’évidence. Parfois c’est lors d’un deuil, d’une naissance, éventuellement d’un mariage. Tous les frères et sœurs que nous avons rencontrés se sont posé ces questions-là lors de ces événements. Et ils souhaitaient pousser l’introspection un peu plus loin. Après ces épreuves, ils ont pris conscience de leurs liens, de l’importance de la famille et des repères qu’il faut avoir.
B.M. : Beaucoup ont refusé par manque de temps ou parce qu’ils ne voyaient pas l’intérêt. Bizarrement, souvent les personnes connues étaient d’accord et leur frère ou sœur n’avait pas envie de le faire. Effectivement, peut-être que dans ces cas-là il y a une rivalité, une espèce de jalousie, qui n’est pas digérée, encore tenace et présente. Et puis vous savez, comme on ne prend personne en promo, il faut vraiment que l’envie vienne d’eux. C’est une proposition, après ils ont tout à fait la latitude pour refuser ou accepter.
B.M. : Trop difficile. On a essayé avec des gens assez différents mais ça ne marche pas. Les pères sont en admiration devant leur fille, ils n’arrivent pas à raconter des choses personnelles de leur vie d’homme devant elle donc la conversation reste assez banal. Père, fils, vous imaginez que c’est encore plus difficile. Les hommes ont du mal à s’exprimer, ils ne nous font pas rentrer dans une réelle intimité.
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