En France, une femme sur trois a recours à l'avortement au cours de sa vie. Si les études révèlent que la majorité des femmes ayant choisi d'avorter ne présente aucun trouble psychiatrique ou de détresse psychologique après l'avoir vécu, la majorité des manifestations psychologiques liées à l'avortement se concentre en revanche sur la période précédant l'avortement.
L'avortement est loin d'être un acte anodin et la décision d'y recourir est difficile. Cependant, les études montrent que lorsque cette décision est prise par la femme, celle-ci a peu de risques de présenter des troubles psychiatriques ou une détresse psychologique. Au contraire, les femmes évoquent plutôt un "sentiment de soulagement".
Le traumatisme réside surtout dans la découverte d'une grossesse non désirée et dans la décision de poursuivre cette grossesse ou non. Ainsi, la prise de décision d'avorter permet de reprendre le contrôle sur son corps et sur sa vie future.
Entre la découverte de la grossesse et l'avortement, la femme peut souffrir d'anxiété ou de symptômes dépressifs. La littérature scientifique indique que dans la majorité des cas, ces manifestations décroissent dans le mois suivant l'avortement. Le vécu d'un avortement peut cependant ressurgir lors d'un désir de grossesse ou d'une grossesse ultérieure sous forme d'angoisses ou de culpabilité. Il ne faut pas hésiter à consulter dans ce cas.
Il est essentiel de tenir compte de la situation unique de chaque femme, l'impact psychologique de l'avortement dépendant de la situation dans laquelle se trouve la femme au moment de celui-ci. Il est évident que les impacts seront différents si l'avortement a lieu dans une situation conjugale violente, ce qui, selon les études, est le cas pour 25% des avortements.
Le tabou dont fait encore l'objet l'avortement dans notre société impacte également les femmes qui peuvent ressentir de la culpabilité ou de la honte. Beaucoup de femmes ayant eu recours à l'avortement rapportent en effet avoir eu le sentiment d'être jugée par leur entourage ou par les professionnels de santé.
Une meilleure formation des professionnels de santé quant aux ressentis des femmes ayant recours à l'avortement et une libération de la parole dans notre société permettraient certainement de diminuer ce sentiment de culpabilité.
L'interruption médicale de grossesse (IMG) ou avortement thérapeutique est réalisée lorsque "la poursuite de la grossesse met gravement en péril la santé de la femme" ou lorsqu'il "existe une forte probabilité que l'enfant à naître soit atteint d'une affection d'une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic". Contrairement à l'interruption volontaire de grossesse (IVG), l'IMG peut être pratiquée jusqu'au terme de la grossesse.
Les impacts psychologiques liés à une interruption médicale de grossesse sont différents d'un avortement volontaire, la grossesse étant dans la grande majorité des cas désirée. L'annonce d'un péril grave pour la santé de la mère ou de l'affection de l'enfant à naître constitue un véritable bouleversement pour les futurs parents, souvent plongés dans un état de sidération.
Après avoir fait face à l'annonce, les parents entrent dans un processus douloureux auquel ils ne sont pas préparés, concernant le devenir de l'enfant à naître. La décision d'interrompre ou non la grossesse est une épreuve douloureuse, souvent source de culpabilité pour les parents. Ils doivent faire le deuil de leur enfant à naître mais également du projet d'enfant en lui-même.
Ces parents ont bien entendu besoin d'être respectés dans leur décision, accompagnés et écoutés. Un accompagnement psychologique est vivement recommandé pour faire face à la perte de leur enfant, travailler sur la culpabilité ressentie et rompre l'isolement dû à la situation.
Chaque femme vit et réagit différemment à la suite d'un avortement. Voici quelques pistes pour vivre au mieux cette épreuve :
- faire preuve de bienveillance et d'amour envers soi, comme on le ferait pour quelqu'un d'autre dans la même situation.
- rester un maximum actrice de cette décision : s'informer, choisir la méthode de l'avortement lorsque cela est possible s'agissant des délais.
- se laisser le temps de se remettre, être indulgente avec soi.
- ne pas minimiser les impacts psychologiques possibles.
- oser en parler et demander de l'aide si nécessaire.
- se faire accompagner psychologiquement si besoin.
Par Loelia Maraldo, psychopraticienne en thérapies brèves, membre du comité Psychologue.net