Il y a quelques jours, l'Assemblée nationale a examiné - à l'initiative des écologistes - un texte proposant d'inscrire dans le règlement de notre institution la possibilité pour les groupes politiques qui le souhaitent de se doter d'une coprésidence paritaire.
Ne proposant a priori rien de révolutionnaire, ce texte - dont j'étais la rapporteure - a pourtant suscité de vives réactions dignes d'un machisme d'un autre temps : apostrophes condescendantes de certains collègues m'affublant du sobriquet de « jeune fille », ou encore déclaration d'un élu centriste prétendant que la coprésidence n'était qu'un « moyen de régler un problème de ménage chez les écolos »… Ces manifestations de misogynie ordinaire restent monnaie courante parmi les représentants de nos concitoyen-ne-s.
Pire que l'hostilité des uns, c'est la méfiance exprimée par d'autres qui m'a semblée la plus désolante. En France, en 2013, la coprésidence paritaire fait peur et, il faut l'avouer, pas seulement à droite.
Pourtant, chez les écologistes, la désignation de véritables binômes homme/femme - équitables dans la répartition des responsabilités - est une réponse devenue classique à la nécessité de garantir un exercice plus collectif du pouvoir qui permet, en même temps, de contribuer à assurer une vraie parité dans les représentations. C'est le cas au Parlement européen. C'est le cas à l'Assemblée nationale allemande.
Ce mode de gouvernance présente de nombreux avantages. Présider un groupe ou une organisation, c'est avant tout animer, réguler, concerter. À deux, c'est plus efficace ; à deux, c'est plus apaisé. Cela permet de mieux partager les impératifs de présence qui constituent l'une des principales difficultés pour les femmes qui souhaitent s'engager en politique… mais aussi pour nos collègues masculins – encore trop rares mais dont le nombre tend à croître – qui s'occupent également de leurs enfants !
Si on veut que les femmes, les jeunes, les chargés de famille puissent faire un peu plus que de la figuration en politique, il faut lever les nombreux obstacles qui continuent à se dresser entre eux et les responsabilités politiques. Je pense notamment aux inextricables problèmes de réunions à des heures improbables, aux soirées et week-end occupés… Ce texte fait partie des petites avancées qui, mises bout à bout, rendront la politique accessible au plus grand nombre.
Cette parité, qui fait que le groupe écologiste comporte autant de députés hommes que de députées femmes, c'est notre réponse à un impératif démocratique. Une réponse qui fait que, 55 ans après la fondation de la Ve République, je suis la première femme présidente en titre d'un groupe politique à l'Assemblée.
Je ne tire aucun titre de gloire de cela, mais ce dont je suis fière c'est que, grâce à cette modification du règlement de l'Assemblée, pour les groupes qui le souhaitent, la parité de même que l'exercice collégial du pouvoir pourront désormais être une réalité permanente.
Barbara Pompili, la nouvelle voix des Verts
Barbara Romagnan: "Être une femme est un atout considérable en politique"
Parité aux législatives 2012 : les femmes sont sous-représentées
Marie-Jo Zimmermann, UMP : sur la parité, "le PS a une décennie d'avance"
Danielle Bousquet : "On prend la question de la parité par le bon bout"