Danielle Bousquet : Le comité interministériel aux droits des femmes va avant tout donner une feuille de route précise pour les années à venir à tous les ministères sur toutes les politiques transversales. Il est important d’avoir cette double dimension : que tout le monde s’occupe des questions des Droits des femmes et qu'en même temps de nombreuses thématiques précises soient retenues. Je pense qu'on prend la question de la parité par le bon bout.
D. B. : La première urgence est d’avancer sur l’égalité professionnelle réelle, car on sait à quel point elle est encore théorique aujourd'hui. Les chiffres montrent ainsi que 10% de ces inégalités sont ce que l’on appelle de l’« inégalité brute », qui n’est justifiée par aucune donnée. La seconde priorité est la lutte effective contre les violences faites aux femmes et la lutte contre les stéréotypes. On sait aujourd’hui que les violences sont le résultat de stéréotypes de genres profondément ancrés : la priorité est de former les enseignants, d’éduquer les enfants, car ces stéréotypes sont intégrés dès le plus jeune âge. Enfin, la troisième priorité concerne ce que l’on appelle les « droits sexuels et reproductifs ». Cette définition recouvre le droit effectif pour toutes les femmes d’avoir accès à la contraception et à l’avortement, l’un des droits premiers des femmes. D’ailleurs, l'Assemblée nationale a décidé cette semaine que la délivrance et la prise en charge de contraceptifs seront désormais protégées par le secret pour les jeunes filles mineures : je pense que cet aspect de confidentialité était primordial. Les jeunes femmes doivent avoir le droit à disposer de leur propre sexualité indépendamment de la manière dont leurs parents voient les choses.
D. B. : Ce que j’observe tout d’abord c’est que François hollande a complètement rempli ses engagements à ce sujet, notamment celui de faire de la parité une réelle priorité gouvernementale. Il l’a d’ores et déjà réalisé à travers plusieurs mesures : la mise en place d’un ministère des droits des femmes - la condition sine qua non pour faire avancer l’égalité hommes femmes -, la création d’un gouvernement paritaire ou encore la nomination d’un délégué référent à la question des droits des femmes dans chaque ministère. La ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem a par ailleurs commencé à ouvrir le front dans tous les domaines : l’égalité au travail, les violences faites aux femmes, l’égalité domestique… Elle a ouvert tous les champs et je dois dire que je suis ravie d’avoir une ministre aussi dynamique, qui prend à bras le corps ces sujets. Elle montre à quel point l’égalité professionnelle est le nœud de l’avancée pour les droits des femmes.
D. B. : Du côté du PS, Harlem Désir a mis en place une répartition égalitaire au niveau du secrétariat national : cela dénote pour moi une véritable volonté de répartir les responsabilités de façon paritaire. Même si tout n’est pas exemplaire chez les socialistes, c’est un bon début et il y a un vrai effort dans le bon sens : n’oublions pas qu’il n’y a pas si longtemps, il n’y avait quasiment pas de femmes à des niveaux de responsabilité élevée au PS. Reste que nous allons continuer à être vigilantes. Nous allons tout particulièrement surveiller avec attention la manière dont les choses vont désormais fonctionner en pratique. Par exemple lors des évènements du PS, nous allons surveiller de près la place donnée aux femmes secrétaires nationales. Il est important que leur représentativité lors des tribunes et des prises de paroles soit respectée. C’est symbolique mais tellement significatif. Nous souhaitons ainsi que la place des femmes soit effectivement reconnue, dans les faits. Pour un parti qui se reconnaît officiellement féministe et qui va lancer une association baptisée Féminisme et socialisme, il me paraît essentiel que l’on ne se contente pas de dire, mais que l’on fasse les choses.
Crédit photo : Assemblée nationale
Égalité : "Lutter contre la précarité professionnelle des femmes"
Violences faites aux femmes : "Un très bon dispositif législatif insuffisamment appliqué"
Sexisme ordinaire : coaching obligatoire pour le gouvernement