Le prochain film de Daniel Craig, victime de censure homophobe ?
Oui. Le nouveau projet de l'agent 007 s'intitule Queer, et c'est une love story sulfureuse entre hommes, signée par le réalisateur de Call me by your name et Challengers. Une oeuvre qui porte bien son nom. Dans ce décryptage ludique, on vous explique ce que veut dire le mot "queer".
Mais voilà, cela ne plaît à tout le monde, James Bond en personne qui sort de sa zone de confort. La preuve ? Le film est déjà interdit. Effectivement, relate le magazine Têtu, les autorités turques ont tout simplement décidé d'annuler la diffusion lors d'un festival de cinéma à Istanbul... Et cela ne nous étonne malheureusement pas.
On vous explique...
On soupire devant cette annulation, en séance d'ouverture dudit festival, de Queer, le nouveau film événement de Luca Guadagnino, accusé comme le précise le magazine des cultures LGBTQ de proposer un "contenu provocateur, susceptible de troubler l'ordre public", son interdiction étant simplement "décidée pour des raisons de sécurité". Le diffuseur MUBI voit là, à juste titre, "une entrave à la création et à la liberté d'expression". On peut aussi parler d'une bonne vielle homophobie érigée en système, ça fonctionne également.
Homophobie loin d'être inexistante en France : lire notre enquête à ce sujet.
Mais Queer n'est pas la pire exemple de cas de censure banalisé.
Loin de là, même. On trouve bien plus farfelu en terme de cas de censure et d'interdiction. Déjà étrillé pour "propagande féministe" par les masculinistes du web (si si, on vous le relate ici), le Barbie de Greta Gerwig s'est vu interdit dans certains pays du Moyen-Orient, au Liban et au Koweït. Le ministre de la Culture du Koweït Mohammad Mortadan a accusé cette mordante satire de faire la "promotion" de l'homosexualité, de transgresser "les valeurs morales et religieuses" mais aussi de faire la propagande du "changement de sexe" et de la transidentité. Oui oui.
On félicite Greta Gerwig d'avoir cumulé autant d'exploits dans un même film. Et le pire, c'est qu'on pourrait en citer tant d'autres, des exemples incongrus. Au Koweït toujours, le film d'horreur La main s'est vu privé de sortie en salles en réaction à la présence au casting (dans un rôle secondaire) de Zoe Terakes, interprète trans et non binaire de 22 ans. Une présence rare qu'on a décrypté pour vous dans cet article.
Oui, on appelle ca de la pure discrimination anti-LGBTQ. Les citoyens de l'Etat du Golfe persique n'ont pas eu droit à leurs séances. Mais les fans de Steven Spielberg ne sont pas mieux lotis. L'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar, Bahreïn, Oman et le Koweït, ont exprimé leur refus de diffuser la comédie musicale West Side Story car l'on y trouve l'interprète non-binaire Iris Menas. A ce stade, c'est systématique. On souffle.
Même philosophie d'une modernité sans nom lorsque la production Marvel Les Éternels fait l'objet de censure en Arabie saoudite, au Qatar, Koweït, en Egypte, au Liban... Car deux personnages masculins s'y embrassent. Le choix imposé ? Couper, ou rien. De même, c'est pas visibilité lesbienne que Black Panther 2 avait suscité l'ire de nombreux pays. On vous le détaille dans cet article.
Et cela n'est pas prêt de s'arrêter. De quoi susciter d'autant plus les soupirs de Daniel Craig.