Peut-on parler de maladie de femmes sans être censuré·e sur Facebook ? Quand il s'agit de mastectomie, la réponse est non.
Une activiste britannique originaire de Manchester, Jay Walker, s'est faite enlever préventivement à 36 ans les deux seins après avoir vu sa mère se battre contre deux cancers. Elle a ensuite décidé de monter une page Facebook et un réseau pour que les femmes puissent parler de cette opération et montrer leur cicatrices ouvertement.
Mais ça n'est pas du goût de Facebook. Jay Walker accuse le réseau social d'appliquer un double standard entre les photos d'hommes et de femmes. Dans un post, elle pointe Facebook du doigt qui aurait supprimé l'une de ses publications qui contenait, non pas un sein ou un téton, mais un simple logo.
Les symboles de son organisation sont (-) (*) pour suggérer les seins après une mastectomie. Le tiret étant un sein opéré et dénué de téton, et l'étoile étant un téton.
Dans un post relayé par le Scottish Sun, elle explique : "Le problème semble être l'ensemble du logo - deux crochets, un trait d'union et un astérisque. Il a été conçu pour être assez subtil, mais évidemment pour représenter un sein cicatrisé. Je n'arrive pas à croire que quelqu'un puisse penser que le logo est sexualisé."
Jay Walker a demandé des comptes à Facebook sans succès : "Quand j'ai répondu en demandant à Facebook de clarifier quel était le problème avec le logo, quelle partie de celui-ci, ils ne m'ont pas répondue."
Elle a ensuite parlé à plusieurs médias à propos de ce problème. Postés sur sa page Facebook, les articles ont été supprimés par le réseau social et lui ont valu trois jours de suspension de compte selon elle, comme elle le raconte sur son profil Linkedin.
Rassurer les femmes sur l'opération de mastectomie fait aussi partie du travail de Jay Walker. Alors elle veut montrer à quoi peuvent ressembler les cicatrices sur ses seins. Elle prend bien soin de flouter les mamelons quand elle poste des photos sur le réseau social.
Elle partage sa propre photo de cicatrice mais celle-ci a aussi été supprimée par Facebook, comme elle l'explique dans des propos repris par le Scottish Sun : "Depuis que j'ai partagé cette photo, j'ai dû faire attention à flouter les mamelons. C'est particulièrement ennuyeux, car l'opération s'est déroulée juste autour."
Elle ajoute : "Je voulais juste montrer aux autres comment je gérais l'opération et rassurer les autres femmes."
Ce qui énerve le plus Jay Walker, c'est que la photo de ses seins et jusqu'à son logo ont été effacé·es, mais que Facebook laisse librement la photo d'un homme se faire "analyser" les testicules sans qu'aucune mesure anti-nudité ne soit prise.
Elle reprend l'exemple d'un show du matin qui a partagé la vidéo d'un homme les testicules ballotantes, servant de cobaye sur la meilleure façon de vérifier si les organes sont en bonne santé.
Jay Walker ne remet pas en cause l'utilisation de la vidéo de cet homme pour sensibiliser aux maladies masculines, elle soutient même l'initiative. Elle ne comprend juste pas le "double standard" des critères de Facebook.
Pourtant Jay Walker le martèle : "Ce n'est ni sexualisé, ni pour titiller. Nous voyons Facebook bannir régulièrement les femmes qui partagent entre elles leurs propres images post-opératoires et nous les exhortons à reconsidérer ce qu'elles jugent offensant."
Elle déplore également le fait qu'en supprimant ces photos, le réseaux social renforce "l'idée fausse selon laquelle les seins sont sexuels".
En France, le comédien Océan avait déploré la même situation début décembre. Sur Instagram aussi, un homme peut célébrer ses "seins d'homme" sans voir ses photos supprimées.
Les avancées sont timides. En juin dernier, l'entreprise Facebook, qui détient également Instagram, avait autorisé les photos d'accouchement.