Deux minutes, tel est le temps accordé par Christiane Taubira aux « racistes, aux antisémites, aux xénophobes », deux minutes réservées à ceux que la garde des Sceaux a qualifié de « fossoyeurs du lien social », cent-vingt secondes « à ceux qui sont déjà vaincus ». Le temps pour la ministre de la Justice d'affirmer que « la nation n'est pas le bien de ces égoïstes compulsifs, elle n'est pas le bien de ces archaïques, elle n'est pas le bien de ces obsédés de l'ennemi », a-t-elle lancé, hier soir à la tribune de La Mutualité, où le Parti socialiste organisait une soirée pour « défendre la République contre les extrémismes », après les attaques racistes dont a été victime Christiane Taubira, notamment en une de l'hebdomadaire d'extrême droite Minute.
« Malgré nos apparences, malgré nos croyances pour ceux qui croient au ciel, malgré nos accents, malgré nos handicaps, malgré nos lieux de résidence, malgré nos conditions sociales, malgré nos modes de vie, malgré nos styles vestimentaires, malgré nos régimes alimentaires, malgré nos régimes matrimoniaux, malgré nos goûts et malgré nos goûts des autres et finalement, grâce à notre goût des autres , nous vivons ensemble », a déclaré la ministre de la Justice, ovationnée par les centaines de militants socialistes, venus assister à la soirée.
« Nous allons nous battre sans répit contre ceux qui veulent transformer notre patriotisme de fierté en xénophobie nationaliste », a-t-elle poursuivi. Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls a également pris la parole pour soutenir sa collègue de la Chancellerie avec qui il a assuré former « un beau couple », dédié à la défense de l'Etat de droit face aux « extrémismes ». Le locataire de la Place Beauvau a ensuite lancé une virulente charge contre le Front national.
« Ce parti et Marine Le Pen, en traitant la France de "catin", ont fait la démonstration qu'ils n'aiment pas la France et quand on n'aime pas la France, on n'est pas digne de la représenter ! » a affirmé Manuel Valls. Et le ministre de l'Intérieur d'ajouter : « Nous ne devons jamais leur laisser la France, car cette France elle nous appartient elle ne leur appartient pas ! »
« Le gouvernement agite une énième fois une peur aussi fantasmée qu'artificielle, celle d'un supposé « extrémisme » qui menacerait la France », a réagi le Front national, par la voix de son vice-président, Florian Philippot. Un FN toujours associé à « parti d'extrême droite », « dangereux pour la démocratie », par une majorité de Français (59 %), selon une étude Ipsos réalisée pour France Bleu (978 personnes interrogées par téléphone du 15 au 16 novembre, selon la méthode des quotas). En outre, à quatre mois des élections municipales, plus de six Français sur dix (64 %) jugent que le FN n'incarne pas une alternative politique crédible.
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