La rentrée des ministres, c’est maintenant ! Mercredi 22 août, les membres du gouvernement assistent à leur premier Conseil des ministres. Jean-Marc Ayrault a déjà déjeuné avec le président de la République mardi pour fixer les principaux dossiers à traiter en priorité. Au programme : la situation des Roms et le problème des expulsions estivales qui ont provoqué un tollé dans l’opinion publique comme en politique, le doublement du plafond du livret A pour financer les logements sociaux, la flambée des prix de l’essence, le projet de loi de finances 2013 avec notamment la diminution de 30% des salaires du Président et des ministres, retoquée début août par le Conseil constitutionnel, les mesures sur l’emploi à prendre rapidement. En plus de ces dossiers nationaux, le Premier ministre doit aussi discuter du cas syrien avec les membres du gouvernement et faire un point sur le traité européen de discipline budgétaire et ses conséquences.
L’épineux dossier « Roms »
Plusieurs démantèlements de camp de Roms pendant l’été ont fragilisé la majorité. Cécile Duflot, la ministre du Logement, notamment s’est désolidarisée du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, à l’origine de ces actions. Elle compte sur la réunion interministérielle qui doit avoir lieu dans l’après-midi pour s’accorder sur un discours commun et « mettre en place une politique d'avenir pour les Roms en France, qui sera exemplaire en Europe, au lieu d'être pointée du doigt comme le fut celle du précédent gouvernement ». Ce discours doit être accompagné de décisions : le gouvernement pourrait par exemple choisir de lever les mesures qui s’appliquent aux Roms pour leur entrée sur le marché du travail français, d’examiner les initiatives déjà appliquées et qui fonctionnent ou encore de lister terrains et locaux vacants pour reloger les Roms délogés pendant l’été.
Le relèvement du plafond du Livret A
Initialement prévue en juillet, cette mesure qui doit doubler le plafond du Livret A de 15 300 à 30 600 euros pour financer le logement social, est très attendue par les Français. Elle devrait se faire en deux temps : d’abord un rehaussement de 25%, puis de 50%. Le calendrier est en pourparlers mais les ministres ont vraiment à cœur de procéder à cette réforme : c’était une des promesses de campagne de François Hollande. Un moyen rapide de contenter l’opinion en développant le produit d’épargne préféré des Français à court terme et en améliorant l’accès au logement social à plus long terme.
Les prix du carburant s’envolent
D’autres sujets et pas des moindres sont également au menu de cette rentrée des ministres. En premier lieu, la flambée des prix à la pompe inquiète les Français qui attendent un coup de pouce du gouvernement, qui avait promis de geler les tarifs après son élection. Mais en juin, le coût des carburants avait légèrement baissé. Sauf que depuis le 1er juillet, un plein de 60 litres de gazole a augmenté d’environ 8 euros ! Dans certaines stations parisiennes, le litre de sans plomb 95 a même dépassé la barre fatidique des 2 euros. Jean-Marc Ayrault a annoncé une baisse des taxes sur les produits pétroliers en attendant de trouver une solution plus viable à long terme. Il attend l’avis du ministre de l’Économie, Pierre Moscovici.
Le projet de loi de finances 2013 toujours en suspens
Une des mesures phares annoncées par François Hollande pour enrayer la crise économique en France, était la baisse substantielle de 30% des salaires du président de la République et des ministres. Mais le Conseil constitutionnel a retoqué le décret le 9 août, arguant qu’au nom de la séparation des pouvoirs, le Parlement ne pouvait voter une loi propre à l’exécutif. Devant cette censure, le gouvernement devrait mettre en place cette mesure par voie réglementaire qui sera rétroactive : même si la loi n’est mise en place qu’en fin d’année 2012, les émoluments du chef de l’État et de son gouvernement seront réduits à compter de leur élection de mai.
Autres questions prioritaires
Après ces gros dossiers, Jean-Marc Ayrault doit aussi évoquer les mesures pour l’emploi. Avec un taux de chômage qui frôle les 10% en France, le gouvernement doit proposer de nouvelles idées pour stimuler la croissance et créer des postes. De croissance, il en est également question dans la zone euro : la pilule du traité européen de discipline budgétaire a du mal à passer. Les ministres doivent se mettre d’accord sur son application et sur les mesures à assouplir. Enfin, le Premier ministre devrait aussi discuter du dossier syrien : si François Hollande et Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, se sont déjà exprimés sur le sujet, en appelant à la démission de Bachar al-Assad et à la prise de sanctions financières envers le régime, le conflit est loin d’être réglé. La France souhaite parvenir à un accord sur le plan international, accord impossible pour l’instant en raison des positions pro-gouvernement syrien de la Russie et de la Chine.
Une rentrée médiatique pour les ministres
Après cette journée chargée, la plupart des membres du gouvernement doivent participer à un dîner de travail à Matignon pour définir les stratégies à mettre en place dans les mois à venir. Les médias sont conviés pour l’occasion. Enfin, ceux qui sont étiquetés Parti socialiste, devraient ensuite prendre la route de La Rochelle pour assister aux universités d’été du PS où la principale question sera de désigner le successeur de Martine Aubry à la tête du parti de la rue de Solférino.
Laure Gamaury
Source : AFP
Crédit photo : AFP
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