"Alors que la France compte plus de 1 200 musées bénéficiant de l'appellation 'musée de France', dont plus de deux cents à Paris, aucun n'est consacré à l'histoire des luttes et des conquêtes féministes". Voilà ce que déplore aujourd'hui la magistrate et spécialiste des droits humains Magali Lafourcade dans les pages du journal Le Monde, l'espace d'une remarquée tribune.
Prenant exemple sur des lieux culturels déjà existants à l'international, comme les 29 musées d'Amérique du Nord que répertorie l'International Association of Women's Museums à ce sujet, la spécialiste s'interroge sur cet incompréhensible vide en France : "N'y aurait-il pas d'intérêt à expliquer comment les femmes ont pris part à la vie publique, aux sciences, aux arts et aux lettres ?".
Question évidemment rhétorique. D'où le besoin d'un "musée des conquêtes féministes" qui, développe Magali Lafourcade, "légitimerait la place et l'expression des femmes dans tous les champs des arts et de la connaissance, en tant qu'espace institutionnel". On signe où ?
Pour la magistrate, un musée est un lieu majeur de transmission, mais aussi de visibilité. Un tel lieu permettrait de "rendre hommage aux grandes femmes de lettres, aux artistes, valoriser l'expression des femmes des minorités ethniques et sexuelles, apprendre l'étendue de la participation des femmes aux soulèvements populaires que notre pays a connus, découvrir une part essentielle de l'histoire de France".
Mais aussi, de dénoncer les travers d'un système patriarcal au sein duquel "le nombre d'inscrites dans les filières scientifiques recule, seules 9 % des femmes sont récipiendaires du prix Goncourt, 18 % récompensées d'un César, 2 % des boulevards et avenues baptisés du nom d'une femme". En somme, replacer les femmes au sein de l'espace public, en rappelant notamment l'histoire des féminismes, des grandes avancées et mobilisations.
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