À l'été 2022, Damien Abad, fraîchement nommé ministre des Solidarités après la réélection d'Emmanuel Macron, avait été démis de ses fonctions. Dans Mediapart, deux femmes avaient accusé l'homme politique de viol au lendemain de sa nomination, le 21 mai, pour des faits remontant à 2010 pour l'une et à 2011 pour l'autre. Le 14 juin, une troisième femme témoignait contre Damien Abad, toujours dans Mediapart. Elle affirmait avoir été victime d'une tentative de viol.
Le 4 juillet, alors que le député était finalement écarté du gouvernement lors du remaniement post-élections législatives, une quatrième victime présumée témoignait avoir été victime de viol par soumission chimique en 2013. Après avoir bu un verre avec Damien Abad, elle aurait ressenti des "vertiges" avant de se réveiller totalement nue, avait-elle raconté à BFMTV.
Alors que Damien Abad fait toujours l'objet d'une enquête menée par le Parquet de Paris, ouverte depuis le 29 juin, la récente nomination de celui qui est encore député en a fait bondir plus d'une. En effet, la présidence du groupe d'étude consacré à l'amitié entre la France et le Liban lui a été confiée ce 7 décembre.
"Sa promotion à ce poste précis ravive ma souffrance et me révolte. Il sait très bien que je suis Franco-Libanaise et n'a, à ma connaissance, aucun lien avec le Liban. Son cynisme semble n'avoir aucune limite", a déclaré dans un article publié ce 8 décembre parMediapart l'une des femmes qui dit avoir été victime de Damien Abad.
Une autre accusatrice, qui a porté plainte contre le député, partage son avis : "Le nommer président d'un groupe d'amitié pour faire rayonner la France à l'international, cela revient à faire un grand bras d'honneur à toutes les victimes et à banaliser les violences sexuelles", s'est-elle désolée.
Une troisième victime présumée estime que "sa présence à l'Assemblée nationale était déjà insultante. Le renouvellement de la confiance des membres de son groupe parlementaire est méprisant pour nous, les victimes, et dangereux pour les femmes".
"C'est un député comme les autres, il a postulé pour devenir président", a justifié le groupe Renaissance à l'Assemblée auprès de BFMTV.com. Pour sa part, Damien Abad a confié à la chaîne être "très heureux de la confiance" accordée par son groupe parlementaire. "Le Liban est un sujet important pour le président, et je suis au travail pour l'aider sur les sujets géopolitiques", a-t-il ajouté.
Son retour sur les bancs de l'Assemblée avait pourtant fait grincer des dents jusqu'au sein du groupe Renaissance. "Il peut bien dire qu'il connaît l'Assemblée nationale mais ça m'étonnerait qu'on lui donne la moindre mission à défendre. Faut peut-être pas déconner", avait déclaré en octobre un de ses collègues à BFMTV. Raté.