Son témoignage avait été recueilli par Mediapart, le 14 juin dernier. Laëtitia, un nom d'emprunt, y racontait comment le ministre des Solidarités l'avait agressée sexuellement et harcelée lors d'un mariage, puis commis une tentative de viol à son encontre lors d'une fête à son domicile, en 2010. L'élue centriste confiait que ce soir-là, c'est l'irruption d'un collaborateur qui l'aurait sauvée, après que l'accusé l'ait poussée de force dans une pièce pour la contraindre à une fellation.
Des faits "étayés par les témoignages de huit personnes, à qui elle s'est confiée ou qui ont pu être témoins de certains éléments de son récit", précise le média d'investigation. Aujourd'hui, Laëtitia a décidé de saisir la justice, et déposé plainte auprès du parquet de Paris pour "tentative de viol", rapporte l'AFP. Un moyen, explique-t-elle d'"encourager les victimes à libérer leur parole".
Une nouvelle fois, Damien Abad affirme "contester avec la plus grande fermeté toute accusation de tentative de viol ou d'agression sexuelle" dans un communiqué.
Et d'ajouter : "Je ne laisserai pas ces accusations mensongères et scandaleuses sans réponse. Dès ce jour, j'ai demandé à mes avocats de déposer une plainte en dénonciation calomnieuse". Son argument ? Il ne pourrait pas avoir de relations non consenties à cause de son handicap, l'arthrogrypose, "une maladie congénitale rare qui provoque des déformations et des raideurs articulaires", décrit Libération.
Sur les réseaux sociaux, l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles a de son côté exorté : "Elisabeth Borne, nous attendons la démission immédiate de Damien Abad. Vous aviez assuré que si la justice était à nouveau saisie, vous en tireriez toutes les conséquences. Une des victimes présumée a porté plainte. A votre tour, maintenant, d'agir".
Une demande en lien avec la déclaration de la Première ministre, qui bottait en touche en juin dernier, à quelques jours du deuxième tour des législatives, lorsqu'une femme l'interrogeait sur le maintien du ministre au gouvernement malgré les multiples accusations. "En tant que Première ministre, je le dis aussi en tant que femme, je les invite à déposer plainte parce que c'est important que la justice puisse dire les faits", rétorquait-elle. Visiblement, Laëtitia l'a écoutée. Va-t-elle à son tour prêter davantage d'attention aux victimes supposées ?