Pour empêcher Marine Le Pen de sortir victorieuse des élections présidentielles le 7 mai prochain, des personnalités ont décidé de s'engager. Dans une tribune publiée ce jeudi 27 avril sur le HuffPost, la ministre de la Famille, de l'Enfance et des Droits des femmes a appelé solennellement à voter pour Emmanuel Macron afin de faire barrage au Front national. À ses côtés, une cinquantaine de personnalités se revendiquant ouvertement féministes - parmi lesquelles Julie Gayet, Agnès Jaoui, Zabou Breitman, les journalistes Audrey Pulvar et François Laborde - ont appelé à faire barrage à Marine Le Pen dont la victoire "serait à la fois une défaite et un danger pour les femmes".
Tous les signataires l'affirment : au premier tour de l'élection présidentiel, ils ont "voté pour différents candidats. Aujourd'hui, nous appelons à faire obstacle à l'extrême droite et à voter pour le seul candidat qui peut mener le combat pour l'égalité: Emmanuel Macron".
Car, rappelle Laurence Rossignol, le supposé féminisme de la candidate d'extrême-droite est un leurre. Marine Le Pen a beau revendiquer être "la candidate des femmes françaises", son programme est la "négation même" du féminisme. "Qu'on songe ainsi à l'avortement qualifié de 'confort', à la stigmatisation des femmes étrangères, que la préférence nationale à l'emploi exposerait à une dramatique précarité, ou encore à l'instrumentalisation raciste du combat contre l'oppression religieuse, ignorant la détresse sociale de nos concitoyennes des quartiers populaires...", écrit la ministre des Droits des femmes qui appelle sans ambages à voter pour Emmanuel Macron pour éviter que ne reculent davantage les droits des femmes.
"Les droits conquis de haute lutte par les femmes sont toujours fragiles. Dans un contexte international de montée des tentations réactionnaires et des extrémismes religieux, le risque d'un retour en arrière est réel. La résistance des militant.e.s de l'égalité que nous sommes sera nécessaire, mais pas suffisante pour combattre cette menace", prévient Laurence Rossignol.
Donner leur voix à Emmanuel Macron lors du second tour de l'élection présidentielle ne signifie pour autant pas que les avancées concernant les droits des femmes doivent être considérées comme acquises. Laurence Rossignol le souligne : "L'engagement d'Emmanuel Macron à faire de l'égalité femmes-hommes une 'grande cause nationale' exige une politique publique à part entière." Pour cela, l'existence d'un "ministère des droits des femmes de plein exercice et doté de réels moyens sera indispensable pour irriguer tous les champs d'action du gouvernement, en lien avec la société civile". Car "les chantiers à mener sont encore nombreux" : "assurer l'égalité salariale et professionnelle entre les femmes et les hommes", "faire reculer toutes les formes de violences sexistes" ou encore "renforcer l'accès à la contraception et à l'IVG", mais aussi "ouvrir enfin la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes" et "défendre la laïcité".
"Le 7 mai prochain, nous voterons pour que chacun de ces enjeux soit une priorité du prochain quinquennat. Notre vote est à la mesure de cette exigence, de nos attentes vigilantes et des réponses qui devront y être apportées. C'est la mobilisation de la société civile, notre mobilisation, qui en est la garante", préviennent les signataires de l'appel.
Sitôt publiée sur le site du Huffington Post, la tribune appelant à voter contre Marine Le Pen a fait l'objet de multiples partages sur les réseaux sociaux, mais aussi de virulentes critiques de la part de membres du FN. Parmi eux, le vice-président du parti d'extrême-droite Florian Philippot qui a reproché à la journaliste de CNews Audrey Pulvar son "impartialité". Signe inquiétant qu'il est visiblement aujourd'hui impossible de travailler dans la presse et faire preuve d'esprit critique, la direction de CNews, propriété du groupe Canal+, a fait pour sa part valoir la "nécessité d'un devoir de réserve" pour justifier sa décision. Jusqu'au 7 mai, date du second tour de l'élection présidentielle, Audrey Pulvar est donc privée d'antenne.
De la ministre de l'Éducation à Najat Vallaud-Belkacem à Yannick Jadot en passant par Elisabeth Guigou et Bernard Henri-Levy, nombreuses ont été les personnalités politiques à apporter leur soutien à la journaliste, dont la parole censurée est le reflet d'une République qui "perd du terrain".
Seul Florian Philippot a salué la décision de CNews de suspendre Audrey Pulvar d'antenne.
Sur Twitter, l'ex-chroniqueuse d' "On n'est pas couché" a remercié ses soutiens et dénoncé le double discours du Front national qui est étrangement beaucoup moins prompt à censurer les éditorialistes acquis à ses idées.