Cette semaine, des deux côtés de l'Atlantique, des milliers de femmes ont prévu de manifester pour faire entendre leur voix et se battre pour leurs droits. Aux États-Unis d'abord, où plus de 200 000 femmes sont attendues samedi 21 janvier dans les rues de Washington pour la Women's March en signe de protestation contre l'investiture de Donald Trump et son idéologie sexiste. Mais aussi en France où une manifestation doit relier le Champ de Mars au Trocadéro.
Objectif de la Women's March française, à laquelle participent de nombreuses associations féministes : se montrer solidaire des Américaines, mais aussi se battre pour nos droits ici.
Car il y a de quoi faire en France aussi pour défendre les droits des femmes. Alors que ce mardi 17 janvier, est célébré le 42e anniversaire de la loi Veil sur la dépénalisation de l'IVG, ce droit fondamental ne cesse d'être contesté. Par des mouvements conservateurs et rétrogrades, mais aussi par certains candidats à l'élection présidentielle, qui instrumentalisent la question de l'avortement à des fins électorales.
Ainsi, dimanche 22 janvier, les Survivants et d'autres groupes réac' ont prévu de se réunir pour "La Marche pour la Vie", une manifestation anti-avortement organisée en toute légalité dans les rues de Paris. Après avoir bénéficié d'une pleine page de publicité dans le Figaro, Famille chrétienne et Valeurs actuelles, et vandalisés des abribus parisiens en y collant illégalement leurs affiches, les responsables d'En marche pour la vie continuent leur campagne de désinformation et de culpabilisation des femmes souhaitant mettre un terme à une grossesse non désirée.
C'est pourquoi, encore aujourd'hui, en 2017, il est important de continuer à nous battre pour défendre ce droit fondamental, si durement acquis par nos aînées. Rien n'est gagné : ce qu'il a failli se passer en Espagne, en Pologne, et pourrait bientôt peut-être arriver aux États-Unis le prouve. Notre droit à disposer librement de notre corps peut être à tout moment remis en question par nos responsables politiques. Ne les laissons pas décider pour nous de notre avenir, ni nous stigmatiser pour les choix que nous faisons.
Mieux : continuons à nous battre pour un meilleur accès à l'IVG. Entre 2001 et 201, plus de 130 établissements de santé pratiquant l'IVG ont fermé leurs portes. Avorter n'a pas à ressembler à un parcours du combattant. Chaque femme, qu'elle habite dans une grande métropole ou en zone rurale, doit pouvoir trouver non loin de chez elle un lieu pour l'écouter, répondre à ses questions, apaiser ses craintes et l'aider dans sa démarche. À l'occasion du 42e anniversaire de la Loi Veil, le Haut Conseil à l'Égalité préconise en ce sens le développement de Centres de planification et d'éducation familiale (CPEF) et de maisons médicales où pourront être pratiqués des IVG par aspiration.
Il faut aussi que chaque femme puisse obtenir une information claire et impartiale sur l'IVG avant de faire son choix. C'est pourquoi l'extension du délit d'entrave aux sites Internet pratiquant la désinformation est une excellente chose. Mais il ne faut pas s'arrêter là : la suppression de la double clause de conscience du personnel médical, ainsi qu'une meilleure formation aux questions liées à l'interruption volontaire de grossesse sont indispensables.
L'IVG est un droit. Battons-nous pour le conserver, mais aussi pour le renforcer.