Le 26 novembre 1974, Simone Veil, alors ministre de la Santé, montait à la tribune de l'Assemblée nationale pour présenter son projet de loi sur l'interruption volontaire de grossesse. Jusqu'ici considéré comme un crime, le recours à l'avortement est finalement dépénalisé le 17 janvier 1975 au terme d'âpres débats dans l'hémicycle, où seules neuf députées faisaient face à 481 hommes.
Quarante ans plus tard, où en est-on ? À l'occasion de l'anniversaire de la promulgation de la loi Veil, l'Institut national des études démographiques (INED) s'est penché sur la question et livre, au regard de l'analyse de bulletins statistiques, une étude sur l'évolution des comportements relatifs à l'avortement en France.
Car si aujourd'hui, les femmes ont le droit de disposer librement de leurs corps, avorter reste un chemin de croix pour beaucoup de femmes en France, ce qui conduit certaines d'entre elles à se rendre à l'étranger pour mettre fin à une grossesse non-désirée.
C'est l'âge moyen des femmes qui ont recours à l'IVG en France. Alors que les femmes font leur premier enfant de plus en plus tard (30,1 ans en 2010 contre 26,7 ans en 1975), l'âge moyen de recours à l'avortement a d'abord eu tendance à rajeunir. Il est ainsi passé de 28,6 ans en 1975 à 27,5 ans en 2003. Puis il a cessé de baisser, restant stable autour de 27,5 ans.
Pourtant, rappelle l'INED, les femmes âgées entre 25 et 30 ans sont loin d'être celles qui ont le plus recours à l'IVG. Ce sont au contraire celles qui se situent aux " âges extrêmes de fécondité " qui mettent avant tout fin à une grossesse non-désirée : avant 20 et après 35 ans. " Au fil des années, les grossesses aux âges jeunes sont de moins en moins fréquentes et de plus en plus souvent interrompues ", explique l'INED.
C'est le nombre d'interruptions volontaires de grossesse pratiquées en moyenne en France en 2011, ce qui correspond à 0,53 IVG par femme au cours de la vie. Depuis 1975, année de la légalisation de l'avortement en France, le recours à l'IVG a d'abord baissé grâce à une meilleure diffusion de la contraception, avant d'augmenter à nouveau entre 1995 à 2005. Il est désormais stable depuis dix ans.
C'est le délai légal d'interruption de grossesse. Jusqu'à 2001, ce dernier était fixé à 10 semaines de grossesse, mais la loi de 2001 a allongé la durée maximale de grossesse pour une IVG en la portant de 12 semaines de grossesse, soit 14 semaines d'aménorrhée.
D'après l'INED, la durée de grossesse à l'IVG, toutes techniques confondues, est restée stable entre 1990 et 2000, avant d'être légèrement rallongée l'année suivant le changement de la loi : 6,4 semaines de grossesse en 2011, contre 6,8 en 1990 et 7,1 en 2002.
C'est le pourcentage d'IVG médicamenteuses pratiquées en cabinet de ville en 2012. Autorisée à l'hôpital depuis 1988, la technique médicamenteuse s'est largement diffusée depuis 1990 pour devenir la méthode la plus fréquente depuis 2008 : 16% des IVG en 1990 étaient médicamenteuses, 36% en 2002 et 55% en 2011. Celles-ci sont pratiquées principalement à l'hôpital ou en clinique. Toutefois, la part des IVG médicamenteuses ayant lieu en cabinet de ville augmente depuis son autorisation en 2004.
Selon les données de l'INED, la durée moyenne de grossesse dans le cas des IVG médicamenteuses est plus courte que pour les interruptions chirurgicales : un peu plus de 5 semaines de grossesse contre 8 semaines de grossesse depuis 2002 pour les IVG chirurgicales.
Selon l'INED, 33% des femmes ont recours au moins une fois à l'IVG au cours de leur vie, mais la proportion de femmes ayant recours plus d'une fois à l'avortement reste faible en France : 9,5% y ont recours deux fois et 4,1% trois fois ou davantage au cours de leur vie.
" Depuis les années 1970, la diffusion des méthodes efficaces de contraception a permis de diminuer la fréquence des grossesses non souhaitées mais lorsqu'elles surviennent, le recours à l'IVG est plus fréquent, et finalement le nombre total d'IVG n'a pas baissé, constate l'INED. Qui conclut : " L'allongement du délai légal voté en 2001 n'a eu pour effet ni un allongement durable de la durée moyenne de grossesse au moment de l'IVG, ni une augmentation du recours à l'IVG. [...] Le choix d'interrompre (ou non) une grossesse est devenu un droit plus qu'un dernier recours. "
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