Selon l'Organisation mondiale de la Santé, 21,6 millions d'avortements à risque ont eu lieu dans le monde en 2008. La même année, 47 000 femmes sont décédées des suites d'une IVG dangereuse, car pratiquée illégalement.
Parce qu'elle considère que toutes les femmes ont le droit de disposer librement de leur corps, quel que soit le pays où elles résident, Rebecca Gomperts a créé Women on Web (dont il existe une version française), une organisation unique en son genre qui propose, pour 90 euros, d'adresser par voie postale du Mifépristone et du Misoprostol, les deux médicaments nécessaires pour pratiquer un avortement. La patiente bénéficie en plus d'une consultation en ligne avec un médecin, puis d'un suivi médical en ligne une fois que l'IVG médicamenteuse a été pratiquée.
Dans un long article qu'a consacré le New York Times Magazine à Women on Web fin août, on apprend comment cette militante néerlandaise - déjà à l'origine du projet de clinique sur l'eau Women on Waves -, médecin généraliste de formation, est parvenue à créer un service d'aide à l'avortement qui parvient à contourner les lois des pays dans lesquelles elle intervient tout en respectant le cadre juridique néerlandais.
La procédure suivie par Women on Web est toujours la même. Les femmes qui souhaitent recourir à ses services doivent dans un premier temps remplir un formulaire en ligne d'environ 25 questions, qui fait office de « consultation en ligne ». Elles y renseignent notamment des informations permettant de confirmer à quand remonte la grossesse et déterminer si des complications - comme une grossesse extra-utérine - peuvent survenir. Avec l'accord des patientes, les résultats sont ensuite transmis à l'un des cinq médecins conventionnés avec lesquels travaille Women on Web. C'est à eux de déterminer si les conditions pour pratiquer un avortement médicamenteux sont réunies. Elles reçoivent ensuite chez elles sous deux à trois semaines les deux médicaments nécessaires à une IVG (le Mifépristone et le Misoprostol, disponibles en France avec un suivi médical), adressés par la compagnie pharmaceutique indienne Kale Impex, partenaire de Women on Web.
Sur le site Internet de l'organisation, une FAQ très détaillée permet aux patientes de suivre en ligne leur état de santé, de comprendre les effets du traitement et de savoir quoi faire en cas de complications. Des employés de Women on Web sont également joignables pour répondre à leurs questions.
Selon Rebecca Gomperts, environ 2 000 femmes font appel à Women on Web chaque mois pour les aider à avorter. Le fonctionnement de l'organisation, pourtant, n'est pas exempt de défauts. Même plafonné à 90 euros, l'avortement médicamenteux en ligne qu'il propose reste un luxe pour de nombreuses femmes vivant sous le seuil de pauvreté. Quant a celles qui y ont recours, personne n'est malheureusement en mesure de vérifier si, oui ou non, elles sont bel et bien enceintes et si les médicaments envoyés sont utilisés à bon escient.
Implanté dans les pays où le recours à l'IVG est interdit ou très limité (le Costa Rica, Malte, le Pakistan, le Chili, l'Inde, l'Ouganda, l'Irlande, le Brésil, la Corée du Sud, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Pologne et l'Algérie), Women on Web doit pourtant batailler pour que les médicaments parviennent aux femmes à qui ils sont destinés. Le New York Times Magazine rapporte notamment qu'au Brésil, les douaniers n'hésitent pas à confisquer les médicaments lors de leur arrivée à l'aéroport. Les patientes doivent alors se rendre, à leurs frais, au Mexique, pour pouvoir mettre un terme à leur grossesse. Des difficultés d'acheminement que compte bien contourner Rebecca Gomperts. « Il est injuste de promettre de l'aide si moins de la moitié des colis arrivent à destination », estime-t-elle.
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