Sexualiser les mecs, est-ce que c'est sexiste ?
Si vous vous souvenez bad buzz provoqué sur les réseaux sociaux par la malheureuse chronique de Maia Mazaurette dans l'émission "Quotidien" à l'adresse du nageur professionnel Léon Marchand, vous serez tenté de répondre spontanément : oui, évidemment.
On a dédié un billet d'humeur (à retrouver ici) à cette séquence médiatique réellement lunaire où l'experte sexo du talk show analyse l'anatomie du sportif et lui dit du tac au tac : "Léon Marchand, vous êtes le géniteur parfait, vous avez un corps pour fait l'amour !".
Quitte à insister, sans prendre en compte le malaise du champion olympique multi-médaillé : "La performance sportive, c'est aussi la performance reproductive. Ce qui fait du corps du nageur non seulement un idéal sportif, mais aussi un idéal pour faire l’amour !".
La scène avait scandalisé, Léon Marchand n'en demandait pas tant, et aujourd'hui, c'est une autre personnalité, hyper iconique, qui aborde ce sujet tabou : la sur-sexualisation des hommes, et la manière dont ceux-ci... Peuvent en souffrir.
Et c'est l'acteur le plus culte qui en témoigne : Jude Law.
Oui, l'un des hommes les plus sexy au monde. Ses mots sont très forts...
Les hommes subissent-ils aussi le sexisme ?
D'après Jude Law, oui. Dans une interview relayée par PEOPLE et revenant sur les débuts de sa carrière et la manière dont les médias projetaient fantasmes et images glamour sur sa persona, l'acteur témoigne : "Dans les années 90 j'étais un jeune homme désespérément désireux de faire une carrière d'acteur et que les gens parlent de cela, et pas seulement de mon apparence !".
Mais l'acteur légendaire du Talentueux Mr Ripley va beaucoup plus loin. Ses termes s'énoncent sans détour : "J’en parlais justement à un ami récemment. Il a eu raison, il m’a dit : 'Si tu avais été une femme, les gens auraient été réprimandés pour t’avoir traitée d’objet' !".
Derrière la femme objet, l'homme objet ? La "femme-objet", c'est ce fantasme misogyne encore trop banalisé : Khloe Kardashian par exemple en a récemment souffert, l'espace d'une anecdote particulièrement scandaleuse et écoeurante que nous vous relatons dans ce billet d'humeur.
Dans le genre "balance ton porc", on pourrait encore citer le calvaire enduré par Lolo Ferrari, victime de violences conjugales considérée comme "une femme objet" et manipulée toute sa vie : on vous relate son histoire tragique dans cet article.
Des oeuvres féministes comme King Kong Théorie, le manifeste virulent de Virginie Despentes, rappellent volontiers que si les femmes subissent bien davantage de discriminations dans une société patriarcale, les mecs, à l'unisson, sont les victimes de ce patriarcat.
La sur-sexualisation est un aspect qui le suggère - bien qu'entre des médias obsédés par l'apparence d'un homme, et les violences faites aux femmes, il y a tout un monde. On pense aussi beaucoup à l'exemple de Jeremy Allen White, très éloquent : on vous en parle ici.
"Cette période est désormais révolue aujourd'hui et je suis passé à autre chose. Heureusement, j’ai aussi perdu l’attention des photographes et les regards indiscrets sur moi. Mais j’ai dû apprendre à vivre d’une certaine manière pour les tenir à distance", achève de son côté Jude Law.
Ouf.