"Le corps du nageur ce n’est pas seulement la performance sportive, c’est aussi quelque chose de beaucoup plus sexy"
Cette phrase vous semble curieuse ? La suite va vous plaire. Cette réflexion est celle de la spécialiste sexo de l'émission "Quotidien", Maïa Mazaurette. Dans sa dernière chronique, la journaliste a choisi d'aborder le rapport entre morphologie et reproduction. Et pour ce faire, elle a mis en avant le corps de l'invité très spécial du talk show : Léon Marchand, le nageur multimédaillé des Jeux Olympiques !
Le champion de 22 ans écoute poliment l'analyse de Maïa Mazaurette : "La performance sportive, c'est aussi la performance reproductive. Ce qui fait du corps du nageur non seulement un idéal sportif, mais aussi un idéal pour faire l’amour !"
"Les femmes sont inconsciemment attirées par les hommes capables de transmettre des bons gènes à leurs progénitures. Dans le cas de la natation, les ondulations du bassin rappellent quand même un peu beaucoup l’acte sexuel", poursuit la chroniqueuse.
Rires dans l'assistance, gêne du principal concerné, et grosse question à l'arrivée : est-ce une bonne idée de sexualiser ainsi un homme ? Sur les réseaux sociaux, on juge les analyses de la journaliste très déplacées.
Un débat qui fait énormément réagir...
"Pendant toute l'interview, Léon Marchand t'explique qu'il est introverti et qu'il n'aime pas qu'on le regarde, et là, il doit sourire pendant que Maïa Mazaurette t'explique que c'est un bon ensemenceur !! Je comprends pourquoi le gars n’aime pas les interviews", "Perso, j'adore Maïa Mazaurette et ses chroniques sur le sexe, mais là, j'ai trouvé ça un peu violent d'objectiver le gars", fustigent les internautes.
Sur Twitter encore, on peut lire : "Maia Mazaurette pense que Léon Marchand appartient à tout le monde et donc qu'il lui appartient aussi. Elle s'empare de son corps, le sexualise, parle de lui comme d'un objet", "C'est complètement déplacé comme chronique !!"
Dans une société qui sexualise depuis une éternité le corps des femmes, est-ce vraiment une bonne chose quand ces remarques-là concernent des hommes ? Peut-on parler d'inversion juste des choses ? Ou est ce là encore du sexisme ? C'est cette interrogation que cette séquence très relayée engendre. D'aucuns considèrent ce bad buzz comme exagéré - le malaise de Léon Marchand éclot surtout du fait qu'il est introverti - et d'autres critiquent cette objectification du corps d'un sportif, réduit à sa seule apparence, à sa seule anatomie, à son physique.
"Les mecs qui expliquent que la chronique de Maïa Mazaurette sur Leon Marchand est aussi problématique que les chroniques sexistes envers les femmes, sont les mêmes qui ne dénoncent jamais sexisme envers les femmes !", critique un internaute. Deux poids deux mesures ? Surtout quand l'on sait que les chroniques féministes de la journaliste font rarement consensus. Quelque part, pour ses détracteurs, goûtant aussi peu à son engagement qu'au thème de la sexualité, chaque occasion semble bonne...
Il n'empêche, cette scène renvoie à un autre instant médiatique très éloquent. Lorsque Jeremy Allen White s'était retrouvé au coeur d'un shooting-photos très sexy pour la campagne Calvin Klein, le présentant en sous-vêtements. Des clichés abondamment relayés de la star de The Bear, qui avaient engendré une quantité astronomiques de remarques sexualisantes et de blagues plus ou moins subtiles sur le corps du comédien, de la part notamment d'internautes féminines.
Des remarques que peut engendrer une star comme Sydney Sweeney, par exemple, au moindre shooting... A l'arrivée, les mêmes discussions enflammées : être une femme permet-il d'excuser la sur-sexualisation, les remarques grivoises, "beauf", voire hors propos ?
Face à cette controverse, on peut aisément suggérer qu'il y a une belle différence entre quelques phénomènes plutôt discrets de sexualisation des stars masculines sur les réseaux sociaux et... La sexualisation du corps des femmes - de leurs seins par exemple - devant les caméras et sur les plateaux mais aussi... Dans la vie de tous les jours. D'où l'appellation de "sexisme ordinaire". Par-delà l'émission "Quotidien", il y a... Le quotidien des femmes. Où ce sexisme là est continuel. Et ne se limite pas à quelques flashes ou remarques déplacées.
Mais puisque le féminisme exige d'interroger les injonctions faites aux femmes, mais aussi les injonctions faites aux hommes, elles aussi synonymes de pressions, de stéréotypes, de charges sociales indissociables du patriarcat, ce débat-là a tout à fait le droit de cité : il semble même nécessaire pour mieux concevoir nos échanges d'un genre à l'autre. Reste juste un précieux sésame à préserver : la nuance !
Une polémique qui en tout cas n'en finit pas de faire réagir...