Imaginez. Vous débarquez dans votre Airbnb, mais un inconnu s'y trouve déjà. Erreur de logistique, apparemment. Tant pis. Il fait nuit, il pleut dehors, alors vous décidez tout de même d'y rester. Mais vous vous rendez compte dans la soirée que votre porte s'est ouverte pendant que vous dormiez. Ou, le lendemain, que des objets ont été déplacés, sans que votre "coloc" ne soit au courant. Se pose alors cette angoissante question : et s'il y avait quelqu'un d'autre dans cette maison ?
Ca, c'est le pitch de base de Barbare, film d'horreur à découvrir au plus vite sur Disney+. Une histoire que l'on a déjà vu mille fois, me direz-vous. Sauf que le metteur en scène et scénariste de Zach Cregger va s'appliquer à embarquer son public dans des zones inattendues et inexplorées. Quitte à transformer cette oeuvre déjà très tendue dans sa première partie en véritable poupée-russe, mixant trois films en un tout horrible à souhait.
Cela faisait longtemps que l'on avait pas vécu séance d'épouvante aussi efficace et malicieuse...
Pour donner une petite idée, Barbare partage avec le cinéma de Jordan Peele (Get Out, Us) et de Ari Aster (Hérédité, Midsommar) un même goût de l'audace, s'amusant avec les codes du genre, n'hésitant pas à mener par le bout du nez son spectateur pour mieux l'envoyer valser à grands coups d'images-chocs. Mais le petit plus du film, c'est son humour, que le film raille les clichés de l'horreur (son héroïne décochant un définitif "Nope !" lorsqu'il s'agit de se rendre à la cave) ou développe un discours sociétal avec une ironie des plus mordantes... Sans oublier son usage anxiogène de l'espace, qui rappelle une perle de la terreur british : Creep de Christopher Smith.
Entre humour noir et frousse premier degré, Barbare tisse sa singularité, sans jamais perdre son public, et bien aidé par des comédiens impliqués, de l'excellente Georgina Campbell (Black Mirror) à Justin Long, déjà bien rodé dans le domaine du dégueu qui marque la rétine (Jeeper Creepers, Tusk). Un film enthousiasmant donc, et la critique ne s'y est pas trompée. Alors que Les Inrocks se demande si l'on ne tiendrait pas là "le film d'horreur de l'année", Ecran Large l'affirme : l'oeuvre de Cregger, qui cartonne outre-atlantique, est un "grand film d'horreur". Même son de cloche du côté d'Allociné qui voit là "le film d'horreur le plus étonnant de l'année"...
Etonnant, c'est vrai. Et c'est pourquoi trop en dire serait nuire à la qualité du spectacle, qui vous enchantera d'autant plus (façon de parler) si vous en lisez le moins. La séance idéale pour une soirée d'Halloween...