Courage, bravoure... Tous les qualificatifs sont invoqués pour désigner l'exemple de Elnaz Rekabi, 33 ans. Cette championne d'escalade iranienne a terminé quatrième du championnat d'Asie ce dimanche 16 octobre à Séoul. Et s'y est présentée... avec un simple foulard, cheveux apparents. La sportive a ainsi refusé le port du voile, et par là même les injonctions de la loi islamique imposées par le régime iranien.
Désormais, les regards inquiets se tournent vers elle. Selon la BBC, le passeport et le téléphone portable de la sportive auraient été confisqués par les autorités iraniennes. Elnaz Rekabi serait-elle en danger ? Elle n'aurait pas donné de nouvelles depuis le 16 octobre dernier. "Elnaz Rekabi, qui a concouru sans le foulard islamique aux Championnats d'Asie de la Fédération internationale d'escalade sportive à Séoul dimanche, a disparu", alerte la BBC.
En outre, les mots clés "Where is #Elnaz_Rekabi" sont désormais diffusés sur les réseaux sociaux.
Tel que le relate le Guardian, des amis de la sportive n'auraient pas pu la contacter le week-end dernier. Alors que la championne aurait pris un vol à destination de Téhéran ce 18 octobre, des craintes "quant à sa sécurité" auraient été exprimées.
Le sort de la championne a même poussé l'ambassade d'Iran à Séoul à diffuser un communiqué ce mardi 18 octobre sur Twitter : "Elnaz Rekabi est partie de Séoul pour l'Iran au petit matin du 18 octobre 2022, avec les autres membres de l'équipe. L'ambassade de la République islamique d'Iran en Corée du Sud dément fermement toutes les fausses nouvelles et la désinformation concernant Elnaz Rekabi."
Comme le rappelle The Guardian, Elnaz Rekabi est la deuxième athlète iranienne à concourir aux compétitions tout en défiant ouvertement la loi islamique : en 2019, la boxeuse Sadaf Khadem avait déjà décidé de boxer tête nue, et en short. En 2016, Elnaz Rekabi expliquait en interview que le port du voile était particulièrement problématique dans le cadre d'une pratique sportive, et notamment "quand il fait chaud".
Cet acte puissant de la part de Elnaz Rekabi, la première femme iranienne à remporter une médaille aux championnats du monde d'escalade sportive, est une manière de soutenir les mobilisations qui bousculent l'Iran depuis plus d'un mois. Au sein du pays, les citoyennes iraniennes descendent dans les rues, retirent ou brûlent leur voile, se coupent les cheveux face caméra, afin de s'indigner de la mort suspecte de Mahsa Amini, 22 ans, décédée après son arrestation par la police des moeurs.
Dans le milieu des compétitions, les transgressions à la loi iranienne sont rares et réprimées. En 2017, se souvient Le Parisien, la jeune joueuse d'échecs Dorsa Derakhshani avait été exclue de l'équipe iranienne simplement parce qu'elle avait été aperçue sans voile au cours d'une compétition à Gibraltar.
Ce mardi 18 octobre, une story a été publiée sur le compte Instagram d'Elnaz Rekabi, "dans laquelle il est écrit que le non port du voile n'était pas 'intentionnel' ! Vraiment difficile d'imaginer qu'Elnaz ait rédigé elle-même ce texte...", souligne sur Twitter Farid Vahid, directeur de l'Observatoire de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient de la Fondation Jean Jaurès.