En Iran, cela fait plusieurs jours déjà que la mort suspecte de la jeune Mahsa Amini, le 16 septembre dernier, suite à son arrestation par la police des moeurs, suscite manifestations, mobilisations sur les réseaux sociaux et affrontements avec les forces de l'ordre. Une véritable révolte iranienne sur laquelle nous vous proposons de revenir en quelques points.
Arrêtée par la police des moeurs à Téhéran au motif que son voile aurait été "mal mis", Mahsa Amini serait décédée le 16 septembre. La jeune femme de 22 ans serait tombée dans le coma pendant sa garde à vue, avant de mourir à l'hôpital. La police de Téhéran rejette toute responsabilité, toute "négligence" et "comportement inapproprié", et parle "d'une crise cardiaque". Cependant, sa famille affirme "qu'elle n'avait aucun antécédent médical".
Parmi les médecins, certains affirment que la jeune Iranienne aurait été tabassée. Des informations relayées par le média Iran International, dévoilant un scanner du crâne de Mahsa Amini, qui montrerait ainsi une "fracture osseuse, une hémorragie et un oedème cérébral", cause probable de violences.
Derrière cet intitulé se cache une unité iranienne, patrouillant régulièrement dans les rues afin de vérifier que les règles islamiques sont bien respectées dans les lieux publics. Et notamment, le port du foulard.
Comme le rappelle Franceinfo, le nom officiel de la police des moeurs est "Gasht-e Ershad", autrement dit, la "patrouille d'orientation". À l'arrière des véhicules de cette brigade, précise Europe 1, on trouve des femmes vêtues de tchador, qui ont pour mission "d'aller à la rencontre de celles qui ne respecteraient pas bien la loi".
Cela fait déjà plusieurs jours que les citoyennes iraniennes descendent dans les rues, retirant ou brûlant leur voile pour protester contre le meurtre présumé de Mahsa Amini et contre les humiliations et violences faites aux femmes en Iran. Une manière de contester le port du hijab et surtout le régime répressif des mollahs, qui restreint les droits des femmes depuis 43 ans.
Sur les réseaux, de nombreuses vidéos de mobilisations sont ainsi relayées. Sur l'une d'elles, une manifestante s'exclame : "Notre rêve devient réalité ! Enfin nous brûlons le symbole de notre oppression dans la rue !". C'est pour la liberté et contre les répressions que les femmes brûlent leur voile ou se coupent les cheveux.
Des affrontements avec la police ont eu lieu au gré des manifestations. Ce n'est pas simplement les discriminations dont souffrent les femmes, mais plus globalement le pouvoir qui est fustigé. Dans la foule, les citoyens et citoyennes en appellent directement à la fin de la République islamique. "Avec la mort de Mahsa Amini, il y a une forme de saturation qui s'exprime", affirme auprès de Franceinfo la politologue Dorna Javan.
De nombreuses ONG ont condamné cette tragédie. C'est notamment le cas d'Amnesty International, qui dénonce une arrestation "arbitraire" mais également "des lois abusives". En outre, Amnesty évoque des accusations "de torture et d'autres mauvais traitements".
Conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, Jake Sullivan a tweeté : "Nous sommes profondément préoccupés par la mort de Mahsa Amini, 22 ans, qui aurait été battue en garde à vue par la police des moeurs iranienne. Sa mort est impardonnable. Nous continuerons à tenir les responsables iraniens responsables de ces violations des droits humains".
"La mort tragique de Mahsa Amini et les allégations de torture et de mauvais traitements doivent faire l'objet d'une enquête rapide, impartiale et efficace par une autorité compétente indépendante qui veille, en particulier, à ce que sa famille ait accès à la justice et à la vérité. Les autorités doivent cesser de cibler, de harceler et de détenir les femmes qui ne respectent pas les règles du hijab", a condamné la haute-commissaire par intérim des Nations unies aux droits de l'homme, Nada Al-Nashif.
Quant au président français Emmanuel Macron, il aurait profité d'un entretien avec son homologue iranien, l'ultraconservateur Ebrahim Raïssi pour évoquer le "choc qui a été le sien à la nouvelle de la mort de Mahsa Amini après son arrestation", comme le souligne le site de la présidence de la République française, insistant sur "la nécessité qu'une enquête transparente fasse la lumière sur ce drame".
"Il n'y eu aucune négligence de notre part. Nous avons mené des enquêtes. Et toutes les preuves montrent qu'il n'y a pas eu de comportement inapproprié de la part des policiers. Il s'agit d'un incident regrettable et nous souhaitons ne jamais plus être témoins de tels incidents", a réagi le chef de la police de Téhéran, le général Hossein Rahimi, qui dénonce des "accusations injustes contre la police", comme le relaie France 24.
Des affrontements se poursuivent en Iran et ont déjà 11 morts en six jours. L'enquête indépendante "rapide, impartiale et efficace" demandée par l'ONU sera-t-elle rapidement menée ?