
Le girl power est-il devenu de droite ?
Les médias s'interrogent à l'aune d'une rumeur qui grandit : le supposé virage politique de Gwen Stefani. La si familière voix de feu No Doubt, qui savait tant inspirer la génération nineties, arborait il y a trente ans une certaine irrévérence et des valeurs rapprochant ses albums d'artistes impertinentes comme Courtney Love et Meredith Brooks (en plus ska).
A savoir ? Donner confiance aux filles, les encourager à revendiquer leur liberté et le respect de leurs droits.

Trois décennies plus tard, cependant, le refrain est moins heureux. On accuse carrément la chanteuse... De soutenir Donald Trump. Mais comment en est-on arrivé là ?
Tout part de quelques observations faites sur les récentes notifs qui émaillent les réseaux sociaux de l'ex égérie du mouvement girl power - éclot dans les années 90 grâce à de vraies punk féministes comme Kathleen Hannah et son groupe Bikini Kill, précurseure de l'élan riot grrl. Quelques actus de Gwen Stefani dérangent. Notamment, son partage d'une interview de... Tucker Carlson, présentateur vedette de la galaxie Trump.
Plutôt connu pour ses idées conservatrices. Doux euphémisme.

A ce moment-là, la chanteuse partage surtout une interview de l'acteur Jonathan Roumie, mais il se trouve que ce dernier s'entretient avec la personnalité médiatique controversée en question. D'aucuns crient donc à la surinterprétation concernant une éventuelle prise de position, voire au hasard et à la parano, d'autres trouvent au contraire ce choix limpide.
Mais la polémique ne s'arrête pas là.
Les enquêteurs en herbe, et surtout les ex fans déçus, pointent également du doigt une publicité où joue directement Gwen Stefani. Il se trouve que l'artiste fait la promo... D'une appli chrétienne de prière, imaginée par ni plus ni moins que la star hollywoodienne Mark Wahlberg, connu pour son investissement religieux, et son entourage pas très progressiste : il a récemment tourné avec Mel Gibson, on a déjà connu choix plus consensuel en 2025.

Mel Gibson, qui a d'ailleurs été officiellement choisi par Donald Trump pour faire office de tour de vigie au sein de l'industrie hollywoodienne, face aux méfaits du "wokistan". Et dont la relation à la Foi est également... Controversée. A l'instar de l'investissement de Jonathan Roumie d'ailleurs, le comédien cité plus haut, puisque ce dernier est de sensibilité évangéliste, ce qui semble parler à Gwen Stefani.
De quoi alimenter toutes les théories, d'autant plus que la chanteuse n'en est pas à sa première polémique. On a pu l'accuser par le passé d'appropriation culturelle (arborer un look relatif à une culture qui n'est pas la sienne) mais aussi de feminism washing, une forme de féminisme opportuniste et factice dont l'intention est purement mercantile.

Accusation renforcée par la redécouverte de propos critiques, telle cette interview pour le célèbre magazine musical Billboard il y a trente ans précisément, repêchée par la RTBF, où la chanteuse confesse : "Je suis plutôt une fille à l’ancienne, une vraie fille girly". Définition qu'on pourrait rapprocher d'une tendance plus récente, ouvertement conservatrice et anti-#MeToo : les tradwives.
Cela en fait-il autant une femme sensiblement réactionnaire sur les entournures ?
Pas ce "détail" en particulier. Mais plutôt, relève le média en ligne Tipik, son accointance, exprimée à coups de like et de follow, avec certaines figures complotistes d'extrême-droite. Peut être pas le virage que les grands nostalgiques des années 90 et de la culture MTV espéraient pour leur idole...