
En ce moment, le temps semble être aux archives sur les réseaux sociaux. Dans cet article, nous vous parlions de cette vidéo de Bertrand Cantat, ressortie à la lueur du documentaire Netflix qui retrace le traitement médiatique du féminicide de Marie Trintignant. Un documentaire ô combien important pour comprendre le chemin parcouru dans la perception des féminicides, alors que cette autre archive tirée du documentaire, dont nous parlions dans cet article, a beaucoup fait réagir.
Cette fois, on est en 2001 sur le plateau de l'émission Y'a pas photo! diffusée sur TF1. Lorie n'a que 19 ans et commence sa carrière de chanteuse avec le succès du titre "Près de Moi", sorti la même année. Dans son débardeur à paillette aux couleurs du drapeau anglais, elle répond aux questions des deux présentateurs, Pascal Bataille et Laurent Fontaine.
"Il y a des choses que vous n'accepterez pas de faire même si on vous dit : ça peut aider ta carrière ?", lui demande Pascal Bataille. Visiblement gênée, Lorie répond : "Prête à tout, c'est ça non ? Des trucs comme ça ? Non, il y a des trucs que je ne ferai pas." Là, Laurent Fontaine réagit à la réaction de la jeune femme en parlant d'elle comme si elle n'était pas là : "elle est géniale parce que tout ce qu'elle répond, elle rit ! C'est formidable." Son compère reprend le file de l'interview et demande à Lorie : "qu'est-ce que vous n'accepteriez pas ?". Ce à quoi elle répond en riant, les joues rosies : "ce que vous êtes en train de penser en ce moment".

Face à la réponse de la jeune chanteuse, le public s'esclaffe et applaudit. Vingt-quatre ans plus tard, ces images ne font plus rire, elles choquent, et c'est tant mieux. En commentaires de la vidéo publiée sur Instagram le 5 avril, les internautes expriment leur écœurement face au comportement des deux journalistes.
Certains jugent les questions posées par Pascal Bataille "malaisantes, intrusives et déplacées". Difficile en effet de ne pas penser qu'il demande à Lorie si elle accepterait ou non de coucher pour booster sa carrière, même s'il fait non de la tête lorsque cette dernière lui répond qu'elle a compris le fond de sa pensée.

D'autres soulignent que ces questions sont d'autant plus déplacées au regard du jeune âge de la chanteuse. "C'est une dinguerie de demander ça à quelqu'un et encore plus à une ado. Comment a-t-on pu normaliser ça ?", se demande un abonné.
Comment, en effet ? Tout simplement de la même manière qu'on a pu qualifier le féminicide de Marie Trintignant de "drame passionnel", faisant même parfois passer Bertrand Cantat pour une victime. De la même manière qu'il faut encore convaincre de croire les victimes lorsqu'elles témoignent. Autant de symptômes d'une société misogyne qui se soigne, mais qui demeure bien malade.