Société
Twitter ne protège pas assez les femmes : Amnesty International alerte
Publié le 22 septembre 2020 à 12:43
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Dans un nouveau rapport accablant, Amnesty International épingle l'inaction du réseau social Twitter face au fléau du cyber-harcèlement. Important.
Quid du cyber harcèlement sur Twitter ? Quid du cyber harcèlement sur Twitter ?© Adobe Stock
La suite après la publicité

L'oiseau blanc aurait-il du plomb dans l'aile ? A l'heure où le cyber-harcèlement est enfin considéré comme un problème majeur, source d'enquêtes et de préventions diverses, on s'interroge forcément sur la manière dont les plus grandes plateformes du monde traitent la question. Et en première ligne, Twitter donc. Les réponses du réseau social ? Pleines de bonnes intentions, vous pensez bien.

En ce début d'année, Twitter a par exemple proposé d'enrichir son choix de configurations, laissant à l'utilisatrice et l'utilisateur la liberté de limiter son audience en fonction de ses mentions, les internautes pouvant choisir qui peut réagir (ou non) à leurs publications. L'idée ? "Aider les gens à se sentir plus en sécurité en leur donnant plus de contrôle sur les conversations qu'ils entament", assurent en ce sens les responsables du réseau l'espace d'un communiqué officiel. Les choses sembleraient aller dans la bonne direction donc.

Et pourtant... Les réponses de Twitter aux réalités du cyber-harcèlement suscitent perplexité et critiques. Celles de l'organisation non-gouvernementale Amnesty International par exemple, qui l'affirme désormais dans un nouveau rapport : non, "Twitter n'est toujours pas à la hauteur quand il s'agit de protéger les femmes contre les violences et abus en ligne". Il y a deux ans, Amnesty parlait déjà de "Toxic Twitter" (un Twitter toxique).

Et le bilan ne semble pas plus mélioratif aujourd'hui.

Quels actes face au cyber-harcèlement ?

Ce qui est reproché à Twitter ? Ne pas avoir suivi les recommandations établies par Amnesty International depuis deux ans. Et ne pas faire assez contre les "torrents d'insultes" que reçoivent bien des utilisatrices, que cela soit au Royaume Uni, en France, en Argentine, en Inde. Ne pas être suffisamment transparent concernant les solutions proposées et les données enfin, notamment dans les cas des signalements - d'utilisateurs ou de publications "problématiques", sexistes, injurieuses, menaçantes...

Des signalements d'abus dont les détails sont trop peu communiqués au grand public, ce qui rend l'évaluation de ce fléau - par pays, par région ou par type d'abus par exemple - encore trop incertaine. Tout aussi incertain est le nombre de modérateurs déployés au sein de la plateforme pour identifier et limiter ces problèmes-là.

Pour Amnesty, ce manque d'informations est synonyme d'inaction. Comme si le cyber-harcèlement était considéré comme un phénomène abstrait. "Ce qui amène un grand nombre de femmes à se taire ou à s'autocensurer sur la plateforme", déplore Rasha Abdul Rahim, la co-directrice d'Amnesty Tech.

Mais les recommandations de l'ONG face aux abus numériques, elles, sont concrètes. Améliorer les mécanismes de signalement par exemple, renforcer les fonctionnalités relatives à la vie privée et la sécurité des utilisatrices bien sûr, mais aussi assurer davantage de transparence au sein de l'entreprise. Un jour peut-être ?

"Le PDG de Twitter Jack Dorsey doit montrer qu'il est sincère dans sa volonté de faire de Twitter un endroit plus sûr pour les femmes. Nous continuerons de faire pression sur l'entreprise dans l'attente de changements qui montrent clairement que les abus et les violences visant les femmes sont proscrits sur la plateforme", poursuit l'organisation non-gouvernementale dans son rapport. L'enjeu ? Arrêter de parler, et agir, enfin.

Le rapport reconnaît cependant "certaines améliorations notables", mais c'est encore trop peu. Les responsables du réseau social, en retour, ont reconnu "devoir faire davantage" face à cette situation, en combinant plus encore modération humaine et modération technologique par exemple, mais aussi en assurant davantage de prévention face aux abus en ligne. Oui, il y a encore beaucoup à faire. Surtout quand l'on écoute les plaintes. "Twitter semble toujours avoir un train de retard et se montre trop lent pour remédier aux différents types d'atteintes que subissent les femmes", tacle à ce titre l'auteure et militante indienne Meena Kandasamy.

Et s'il était temps de passer à la vitesse supérieure ?

Mots clés
Société News essentielles réseaux sociaux internet Cyber-harcèlement sexisme twitter
Sur le même thème
"N'oubliez pas que vous venez tous d'une femme !" : la streameuse Helydia alerte les cyberharceleurs et sexistes de Twitch (et ça fait du bien) play_circle
Culture
"N'oubliez pas que vous venez tous d'une femme !" : la streameuse Helydia alerte les cyberharceleurs et sexistes de Twitch (et ça fait du bien)
11 septembre 2024
"Militante depuis 20 ans !", Melinda French Gates verse un milliard de dollars pour la cause des femmes
ong
"Militante depuis 20 ans !", Melinda French Gates verse un milliard de dollars pour la cause des femmes
29 mai 2024
Les articles similaires
"Les femmes mariées devraient remercier les maîtresses", les propos lunaires et sexistes de Claude Lelouch sur Cnews play_circle
Société
"Les femmes mariées devraient remercier les maîtresses", les propos lunaires et sexistes de Claude Lelouch sur Cnews
14 novembre 2024
"C'est un homme !" : la championne de boxe algérienne Imane Khelif combat la misogynie décomplexée aux Jeux Olympiques play_circle
Société
"C'est un homme !" : la championne de boxe algérienne Imane Khelif combat la misogynie décomplexée aux Jeux Olympiques
5 août 2024
Dernières actualités
Lindsay Lohan méconnaissable et en bonne santé, ses fans attribuent le mérite à son mari play_circle
people
Lindsay Lohan méconnaissable et en bonne santé, ses fans attribuent le mérite à son mari
20 novembre 2024
Pour Noël, ce sex symbol des années 90 fait son retour sur nos écrans play_circle
television
Pour Noël, ce sex symbol des années 90 fait son retour sur nos écrans
20 novembre 2024
Dernières news