La police britannique a lancé le 30 octobre dernier, une campagne de sensibilisation poignante afin d'inciter les victimes de viol à porter plainte. Introduit par l'avertissement "Si ces images étaient diffusées au cinéma, elles seraient marquées par la mention 'Interdit aux moins de 18 ans'", ce film de 5 minutes montre le viol d'une jeune femme et la façon qu'elle a par la suite de se murer dans le silence en faisant disparaître les preuves de son agression. Un mécanisme d'auto-défense naturel visant à réprimer ce qui s'est passé pour y survivre, mais qui revient à innocenter le coupable.
La mise en scène du court métrage met l'accent sur le fait que le silence des victimes libère les agresseurs de leurs responsabilités. On y voit donc le violeur assis dans la cellule d'une prison, puis en sortir librement par les différentes portes du bâtiment, qui s'ouvrent à mesure que sa victime prend sa douche, supprime des messages de son portable, lave les verres à vin et décide de ne pas porter plainte. Jusqu'à ce que le violeur soit finalement de retour auprès d'elle, lui demandant le menu du repas. Car comme le précise la vidéo, 50% des viols sont commis par un membre de la famille et les preuves d'une telle agression restent environ une semaine.
Une vidéo criante de vérité qui présente aux femmes la procédure à suivre en cas de viol. Comme le fait de ne surtout pas se doucher tout de suite (afin de ne pas faire disparaître les preuves) et de se rendre au commissariat pour porter plainte.
Selon Muriel Salmona, psychiatre spécialisée dans la prise en charge des victimes de viol et Annie Ferrand, psychologue au sein de la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF), toutes deux interviewées par Madame Figaro, le fait que la victime connaisse son agresseur dans la moitié des cas contribue à son isolement. "Il y a donc fréquemment un lien très fort entre l'agresseur et la victime, ce qui favorise une certaine emprise psychologique", affirme la première. Et Annie Ferrand de préciser : "plus l'agresseur est proche de la victime, plus il peut contrôler des aspects de sa vie, et plus il a le temps de construire son impunité. Cette proximité lui permet d'instaurer un climat de peur, d'insécurité, d'isoler la victime, de déjouer ses tentatives de protection et séduire l'entourage".
Selon le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE), seuls 10% des femmes passent la porte d'un commissariat après avoir été abusées. 82% de celles qui l'ont fait disent avoir mal vécu le dépôt de plainte et 70% ne se sont pas reconnues comme des victimes auprès de la police et la justice, selon l'enquête "Impact des violences sexuelles de l'enfance à l'âge adulte" réalisée en 2015 par l'association Mémoire traumatique et victimologie. "Dans le viol, la parole est le premier tabou", affirmait à 20 Minutes le Dr Emmanuelle Piet, présidente du Collectif féministe contre le viol (CFCV).
Suite à l'affaire Weinstein et à la libération de la parole des femmes, la Police nationale française a également communiqué sur la nécessité de porter plainte. Sur son compte Twitter, elle affirmait le 20 octobre dernier, que "de jour comme de nuit, des policiers spécialement formés accueillent les victimes dans les commissariats".
Vous pouvez également appeler "SOS Viols Femmes Informations" au 0 800 05 95 95, ou "Violences Femmes Info" au 3919. De même la police au 17, les services d'urgence au 15 et les pompiers au 18. Ne vous taisez plus.