C'était une promesse faite par Marlène Schiappa lors de sa conférence de rentrée : lancer pour la première fois en France une campagne de communication destinée non pas aux victimes de violences sexistes et sexuelles, mais à leurs auteurs. Initialement prévue pour le 25 novembre, journée consacrée à la lutte contre les violences faites aux femmes, la campagne de communication "Arrêtons-les !" a finalement été dévoilée ce 26 octobre, très certainement en réponse à l'affaire Weinstein et à son retentissement en France.
Initiative jusqu'ici inédite, la campagne a pris le parti non pas de s'adresser aux femmes, mais à ceux qui les harcèlent, les agressent ou les violent. L'objectif d'"Arrêtons-les !" est double. D'abord, la campagne doit faire prendre conscience aux auteurs de violences sexistes ou sexuelles de la gravité de leurs actes en leur rappelant les sanctions pénales encourues.
"Si les femmes sont victimes d'agression, c'est toujours parce qu'un homme en est l'auteur. C'est lui le coupable qui doit être sous les projecteurs, c'est lui qui doit être blâmé et pointé du doigt. Car c'est aussi en montrant les coupables, en nommant concrètement les actes commis et en affirmant que ces actes sont répréhensibles que les femmes pourront se sentir légitimes et porter plainte", rappelle le Secrétariat d'État chargé de l'égalité entre les femmes et les hommes dans un communiqué.
Bien souvent, lorsqu'une femme est la cible d'un harceleur dans les transports ou au travail, rares sont celles et ceux à lui venir en aide, notamment lorsque d'autres sont témoins de la scène. C'est ce que l'on appelle la "dilution de la responsabilité". "Plus il y a de témoins et moins il y a de chance que quelqu'un intervienne chacun pensant que, de toute façon, il ne va pas intervenir puisqu'il y a plein d'autres gens qui le pourraient autour de lui", expliquait en 2014 au Plus Muriel Salmona, présidente de Mémoire Traumatique et Victimologie.
L'injonction "Arrêtons-les !" s'adresse justement à ces témoins pour les inciter à ne pas rester spectateurs mais à "agir collectivement pour que cessent les agissement sexistes et sexuels à l'égard des femmes. Les témoins de scènes d'agression ont un rôle essentiel à jouer en intervenant pour protéger les victimes et en les accompagnant pour déposer une plainte", rappelle le secrétariat d'État.
Enfin, la campagne "Arrêtons-les !" vise aussi à rappeler aux harceleurs et aux agresseurs que leur comportement, en plus d'être inacceptable, tombe aussi sous le coup de la loi. "Mettre une main aux fesses d'une inconnue, embrasser une personne sans son consentement, injurier une femme dans la rue sont autant d'actes parfois encore considérés comme mineurs ou sans gravité. Or TOUT acte d'agression sexuelle et sexiste est puni par la loi, sanctionné d'une amende et d'une peine de prison."
Pour le moment, la campagne "Arrêtons-les !" est uniquement disponible en ligne : un site Internet a ainsi été dévoilé aujourd'hui. Des animations seront aussi diffusées sur le site internet et sur les pages des réseaux sociaux du Secrétariat d'État en charge de l'Égalité entre les femmes et les hommes avant un éventuel déploiement sur d'autres supports.
Nécessaire et propice en cette période de prise de conscience collective, cette campagne ne saurait malheureusement régler à elle seule les violences sexistes et sexuelles dont sont quotidiennement victimes les femmes. D'où l'importance de la relayer sur les réseaux sociaux pour poursuivre le travail de libération de la parole entrepris de ces dernières semaines. Comme le rappelle Les Nouvelles News, l'enquête VIRAGE menée par l'INSEE fait état de 62 000 femmes et 2 700 hommes âgé.e.s de 20 à 69 ans qui ont été victimes d'au moins un viol ou d'une tentative de viol ces douze derniers mois. 553 000 femmes et 185 000 hommes ont aussi été victimes d'une autre forme d'agression sexuelle.