Témoin de la violente agression d'une jeune femme dans le métro ou le TER, vous interposeriez-vous au risque d'arriver en retard à un rendez-vous professionnel ? Cette question est le point de départ de « Je suis à l'heure », un court-métrage de 140 secondes repéré par MadmoiZelle qui suit un « Monsieur-tout-le-monde » se rendant à un entretien d'embauche et qui, pour ne pas se mettre en retard, assiste sans intervenir au viol d'une jeune femme dans le train. Il n'est pas le seul : dans la rame, d'autres passagers, hommes et femmes, préfèrent baisser les yeux et monter le son de leur musique plutôt que de porter secours la victime qui appelle à l'aide.
Réalisé par Isabelle Qintard et Fabien Motte, ce court-métrage choc (à visionner ici), en lice pour le prix du Nikon Film Festival, est difficilement supportable. Et pour cause : il renvoie à des agressions bien réelles, qui elles aussi se sont déroulées dans l'indifférence générale. Comme celle d'une jeune femme de 29 ans agressée sexuellement dans le métro de Lille en avril dernier sans qu'aucun passager ne s'interpose entre elle et son violeur.
« Les gens sont partis dans l'autre rame tout au fond. Ils m'ont laissée toute seule et ils me regardaient me faire agresser. J'ai demandé du secours, j'ai crié à l'aide. Les gens s'écartaient, ils avaient peur, je pense, comme moi », avait raconté la jeune femme. Son témoignage avait suscité l'émoi et mis en lumière en un fait inquiétant : l'absence de réaction publique face à une agression. « Il est là, l'effroi aujourd'hui, se dire que dans notre société, on ne pourra pas compter sur la collectivité », avait déclaré le procureur de la République de Lille dans ses réquisitions.
Pourtant, rappelle FranceTVInfo, si elle est difficile à prouver, la non-assistance à personne en danger peut coûter cher à ceux qui ont préféré détourner les yeux plutôt que de prévenir les secours. La loi précise en effet que la non-assistance à personne en danger concerne « quiconque s'abstient volontairement de porter à une personne en péril l'assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours. » Elle est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende.
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