Elle avait bouleversé la France entière. Il y a quelques mois, Lilie, 8 ans, témoignait à la télé. Avec ses mots d'enfant, elle expliquait qu'elle ne se reconnaissait pas dans son corps et dans l'identité de garçon qui lui avait été assignée à la naissance. Tout son entourage, ses camarades, ses parents, ses maîtresses, la connaissent sous le nom de Lilie. "Je leur ai expliqué que j'étais une fille, que j'étais née dans un corps de petit garçon, mais que je voulais être une fille. C'est comme si plus personne ne savait qu'avant j'étais un garçon", déclarait la petite fille.
Le problème, c'est que Lilie ne peut toujours pas changer officiellement de prénom. Comme le révèle RMC, sa demande à l'état civil a été refusée en février. Chrystelle, la maman de la petite fille, est abasourdie. Elle confie à Libération : "Le dossier était dans les mains du procureur de Carpentras depuis six mois. Le plus irritant pour nous, c'est le motif de son refus. Il s'appuie en effet sur le fait que notre demande ne peut être justifiée que par un changement physique irréversible de notre enfant. Mais Lilie va fêter dans quelques jours son neuvième anniversaire ! Est-ce que l'on voudrait que notre fille soit opérée à cet âge, ou qu'elle puisse déjà témoigner de prises de traitements entraînant des transformations physiques ? Nous demandons juste à ce qu'on accède à ce qu'elle attend : un simple changement de prénom !"
Face à ce refus incompréhensible, la famille pourrait décider de se tourner vers un juge des affaires familiales afin de contester le jugement et tourner définitivement la page de ce "deadname", le prénom de naissance de Lilie. "ll faut que les choses avancent, d'autant que notre fille a mal pris cette nouvelle", souligne Chrystelle auprès de Libération, craignant que la médiatisation n'ait joué contre le cas de sa fillette.
Interrogée par le journal, l'avocate spécialisée dans le droit de la famille Laurence Mayer, s'étonne de cette décision. "Depuis la loi de 18 novembre 2016, une personne souhaitant changer le sexe indiqué sur son état civil n'a plus à faire valoir des modifications physiques irréversibles, autrement dit une opération. Voilà pourquoi la décision rendue par le procureur de Carpentras est très étonnante : il met en avant l'absence de modifications irréversibles chez Lilie alors que cette exigence n'existe plus." Le combat de Lilie et de sa famille continue.