C'est au New Hampshire que l'indignation est née. En 2016, une citoyenne dénommée Ginger Pierro fait ses exercices de yoga sur une plage au bord d'un lac de Laconia, une ville située au sein de l'Etat susnommé. La "yogini" réalise ses mouvements les seins découverts. Contre toute attente, la police locale l'arrête alors. Et l'accuse d'avoir violé une ordonnance de la ville interdisant toute forme de "nudité publique". A en lire cette réglementation, "le dévoilement des poitrines féminines" serait considéré comme un acte hors-la-loi, à moins que les tétons soient en majeure partie recouverts.
Mais l'affaire ne s'arrête pas là. Trois jours plus tard, deux autres citoyennes, Heidi Lilley et Kia Sinclair, se rendent aux abords de ce lac, seins nus, afin de protester contre cette décision abusive. Sans grande surprise, elles aussi seront arrêtées pour avoir enfreint cette interdiction de "nudité publique". Qu'à cela ne tienne ! Comme nous le relate NBC, Ginger Pierro, Heidi Lilley et Kia Sinclair ont fait part de cette situation à la Cour suprême des États-Unis. Elles exigent que l'ordonnance municipale interdisant la pratique du topless à la plage soit considérée comme "une violation de la Constitution". Et, de fait, envisagée pour ce qu'elle représente : une forme de discrimination à l'encontre de toutes celles qui, contrairement à ces messieurs, n'ont apparemment pas le droit de flâner la poitrine dénudée.
Leur geste est d'abord une réaction aux décisions émises au sein des tribunaux du New Hampshire. Face aux juges, les trois indignées sont venues contester leur sort - sans grand succès hélas. Mais leur élan est également politique. Car il est porté par un slogan, familier de celles et ceux qui suivent les mouvements en faveur de la libération du corps des femmes : #FreeTheNipple (Libérez les Tétons), du nom de la campagne féministe initiée en 2012 et toujours aussi vive sur les réseaux sociaux. Car si les hommes peuvent faire tomber la chemise sur la plage, alors pourquoi pas leurs consoeurs ?
Une partie de la réponse nous vient illico à l'esprit : la sur-sexualisation des poitrines féminines, bien sûr - et du corps des femmes en général d'ailleurs. Pourtant, la Cour suprême du New Hampshire, elle, ne semble pas considérer cela d'un mauvais oeil. Car, nous précise le média américain, elle a rejeté la protestation initiale de nos trois protagonistes en reconnaissant "que la loi traite effectivement les hommes et les femmes différemment". Dans le plus grand des calmes. Désormais, les plaignantes attendent la décision des grandes instances du pouvoir judiciaire de Washington. La Cour suprême des Etats-Unis devrait faire entendre son verdict d'ici octobre prochain.
En attendant, l'on s'attriste de constater qu'en 2019, le topless a encore tout d'une lutte. Alors que la récente autorisation de la baignade seins nus dans les piscines municipales de Barcelone a fait l'effet d'un vent de liberté aussi inattendu que salvateur, les injonctions, menaces et pressions qui pèsent sur cette pratique sont bien nombreuses - de la crainte du harcèlement aux complexes ressentis sous le soleil. Et ce n'est donc pas prêt de cesser.