Maitane Alonso n'a que 19 ans, mais elle a déjà de la suite dans les idées. Et des idées, elle en a beaucoup. A l'instar de bien des militantes de sa génération, la jeune Espagnole revendique une conscience écologiste. Et pour le démontrer, elle a carrément inventé une machine. Soit une innovation qui vise à traiter l'air à l'intérieur d'un récipient par des chocs électriques "afin que les molécules d'air tuent les micro-organismes", comme le décrit le journal El País. Résultat : la durée de vie des aliments serait ainsi prolongée.
Oui oui, Maitane Alonso a donc créé une machine garantissant une meilleure conservation des aliments. Une idée des plus ingénieuses afin de lutter contre le gaspillage alimentaire, l'un des nombreux maux de notre société en crise. Ce concept lui serait venu lors d'un barbecue (disproportionné) préparé par son père, laissant derrière lui une abondance de restes de nourriture. Il fallait donc y penser. Pour El Pais, cela ne fait aucun doute : la génération Z, qu'incarne en partie l'adolescente, "est venue nous sauver".
Et la presse n'est pas la seule à applaudir l'inventrice. Celle-ci a déjà remporté le premier prix de la durabilité et le deuxième prix de microbiologie lors de l'événement scientifique mondialement réputé ISEF, et a même pu présenter son projet à la NASA à l'occasion du salon des sciences AMLAT Science Expo. Sans oublier son premier prix remporté dans le cadre du prestigieux concours du Massachusetts Institute of Technology.
Prometteur donc.
Une célébration d'autant plus réjouissante que cette étudiante en sciences n'avait encore que 16 ans lors de la confection des premiers plans de sa machine, inspirée par son étude pointilleuse des effets des générateurs de charges électriques. Mais Maitane Alonso n'a que faire de la gloire. Elle désire avant tout faire passer un message.
"Ce que j'essaie toujours de transmettre aux gens, c'est que le temps du changement c'est maintenant, que c'est le moment d'agir, que nous avons entre nos mains le pouvoir de changer et d'améliorer la situation de chacun", affirme-t-elle à ce titre. Un idéal très concret.
Et qui évoque des problématiques qui le sont tout autant. Gaspillage alimentaire, oui, mais aussi faim dans le monde, inégale répartition des ressources, dégâts écolos causés par les industries... Des enjeux d'autant plus pragmatiques que 1 300 millions de tonnes de nourriture seraient jetées chaque année à travers le monde, rappelle El Pais. Une meilleure conservation permettrait certainement un basculement de ce chiffre. Et si le "monde d'après", bousculé par le coronavirus, était l'idéal contexte pour penser ces alternatives ?
"Je pense que l'industrie a besoin d'une alternative puisque les magasins jettent aussi beaucoup de nourriture", ajoute l'inventrice. Booster le monde, donc, mais aussi tacler les préjugés des boomers. Et ils abondent au sujet de sa génération. "Nous sommes super stéréotypés, perçus comme la génération 'ni ni', à savoir celle qui n'étudie pas assez, ne travaille pas, ne fait rien. En fait il y a beaucoup de jeunes qui veulent faire bouger les choses, mais qui se retrouvent simplement confrontés à de nombreuses limites", cingle la jeune femme.
Limites financières, soucis de crédibilité, jugements paternalistes, les raisons ne manquent effectivement pas. Maitane Alonso compte bien combattre ces clichés qui perdurent. Et plus encore. Après des années passées à (re)penser le gaspillage alimentaire, entre expérimentations et conférences, elle aimerait désormais s'attarder sur un autre objectif scientifique, et pas des moindres : la lutte contre le cancer. On lui souhaite que les prochaines années lui réussissent tout autant.