Cela vous est-il déjà arrivé d'avoir peur de courir le soir ? De craindre les regards, les remarques ou ruelles en plein footing ? Ou même, d'appréhender le pire en plein sport en salle ? Vous n'êtes pas seule. En novembre dernier, une enquête britannique réalisée par la chaîne de magasins Sports Direct nous apprenait que 56% des femmes interrogées décident tout simplement de cesser le sport en hiver... Pour des raisons de sécurité.
C'est cette privation que déplorent le programme de coaching sportif Wellso et l'association Sine Qua Non, s'exerçant par le biais d'événements à promouvoir l'égalité et à lutter contre les violences par le sport. En ce mois de mars, Wellso et Sine Qua Non viennent de lancer une forte opération de sensibilisation afin d'inciter les femmes à "faire du sport où, quand elles veulent, dans la tenue qu'elles veulent", et à se réapproprier l'espace public.
Et ce, en organisant des sessions de running et de training, soutenues par la journaliste santé et coach sportive Lucile Woodward. L'idée ? Promouvoir l'égalité Femmes Hommes dans le sport "et encourager les femmes dans leur conquête de l'espace public", même "dans les lieux peu fréquentables pour les femmes".
Nécessaire.
A cause des violences sexistes - et parfois physiques ou sexuelles - vécues dans la rue, notamment lors des activités sportives comme la course ou la marche à pied (harcèlement, remarques, sifflements...), les femmes ont tendance à se détacher de l'espace public. Et ça, c'est le concept de "ville virile", développé par Victoire Tuaillon : cette idée que l'espace public a été façonné et pensé par et pour les hommes, qui le dominent.
Et cela ne se limite pas à la rue. Le harcèlement se banalise également dans les salles de sport. Selon une enquête britannique réalisée auprès de 1000 personnes et dédiée à la "gym-timadation" (l'intimidation en salle de gym), 6 femmes sur 10 se seraient déjà senties harcelées par un homme dans une salle de sport. Et 2 femmes sur 5 ont déjà évité de faire de l'exercice dans une salle de sport "parce que les hommes les mettaient mal à l'aise".
C'est déplorable. Et c'est pour cela que Sine Qua Non désire sensibiliser plus que tout. "Ensemble, nous voulons impulser une spirale vertueuse : plus de femmes qui font du sport dans l'espace public, c'est plus de femmes qui osent occuper les espaces publics. Avec plus de femmes dans les rues, il devient alors plus facile pour d'autres femmes de sortir et de bien vivre la ville", se réjouit encore l'association sur Instagram.
"On le voit autour de nous, dès que la nuit tombe, les femmes disparaissent assez vite... J'ai l'habitude de dire que les hommes s'installent et les femmes passent", déplore auprès de franceinfo Oriane Filhol, adjointe au maire de Saint-Denis chargée des solidarités et des droit des femmes. "Notre but, c'est de voir les femmes la nuit dans l'espace public, ensemble on se sent plus en confiance et petit à petit, ça va normaliser les comportements".
On soutient, et on croise les doigts.