En Inde, il est encore trop courant que des femmes avortent pour ne pas avoir de fille. Et ce malgré l'illégalité de la pratique. De nombreuses recherches démontrent que le taux de "non-naissances", autrement dit d'avortements selon le genre, s'accroit au fil des années et des décennies. Un phénomène ouvertement sexiste.
Car comme l'énonce la militante féministe Prem Chowdhry, "le modèle traditionnel du mariage et les coutumes imposent une position inférieure aux femmes dans les sociétés indiennes". Stigmatisation et discriminations qui vont jusqu'à l'effacement pur et simple desdites femmes. En Inde, relate encore le magazine en ligne Slate, le nombre de naissances féminines observé serait quasiment deux fois moindre au nombre mondial moyen.
Pas si étonnant dans un pays où les filles et les femmes sont les cibles de toutes sortes de violences, physiques, psychologiques et sexuelles. Des violences genrées auxquels s'ajoute un critère dans le cas présent : dans la culture nationale, les filles sont considérées comme une charge économique superflue.
Pourtant, poursuit Slate, cette pratique de l'avortement en fonction du sexe du foetus est interdite depuis près de trente ans en Inde - et certaines études gouvernementales récentes avancent que l'Inde compterait pour la première fois plus de femmes que d'hommes. Mais c'est notamment la facilité accrue de l'accès aux cliniques privées qui a fait perdurer ce triste phénomène. 60 millions d'avortements sélectifs ont eu lieu en Inde ces dix dernières années.
Et la militante pour les droits des filles et directrice de l'organisation ADF Inde Tehmina Arora de fustiger : "Le déséquilibre dans le ratio hommes/femmes montre qu'en tant que pays, nous avons mis les filles en échec. Elles sont soit avortées soit, une fois nées, victimes de différentes formes de violences. L'avenir de l'Inde est étroitement lié à la vie des filles et des femmes dans notre pays. Quiconque pense que les filles doivent avoir les mêmes droits que les garçons ne peut fermer les yeux sur ce qu'il se passe aujourd'hui en Inde."