Mettre un terme à sa grossesse parce qu'on attend une fille : une pratique courante en Inde connue sous le nom d'avortement sélectif. La raison ? L'idée tenace selon laquelle une fille représentera un "fardeau" financier tandis qu'un garçon pourra soutenir la famille.
"Dans notre pays, 50 000 foetus sont avortés chaque mois pour une raison : ce sont des filles et non des garçons" s'insurge Tehmina Arora, directrice de l'organisation ADF Inde dans le cadre de sa campagne #VanishingGirls ("filles disparues").
En tout, ces dix dernières années, 60 millions d'avortements sélectifs ont eu lieu en Inde, souligne ADF International. Une "menace croissante pour la vie des filles" que dénonce l'organisation à l'occasion de la Journée internationale de la fille ce vendredi 11 octobre.
Le phénomène est tel que le ratio hommes/femmes est aujourd'hui déséquilibré dans le pays. Pour lutter contre les avortements sélectifs, l'Inde interdit pourtant depuis 1994 aux médecins de révéler le sexe de l'enfant à naître.
Connu sous le nom de Pre-natal diagnostic technique Act, cette loi n'est que peu respectée dans le pays en raison de nombreuses cliniques clandestines, souligne France 24.
Certaines régions sont plus touchées que d'autres, notamment dans le nord de l'Inde. En juillet dernier, une enquête était notamment lancée dans le district d'Uttarkashi, où sur une période de trois mois, 216 garçons sont venus au monde et pas une seule fille, rapporte l'agence de presse indienne ANI.
"Le déséquilibre dans le ratio hommes/femmes montre qu'en tant que pays, nous avons mis les filles en échec. Elles sont soit avortées soit, une fois nées, victimes de différentes formes de violences. Chaque enfant est précieux. Les filles et les garçons doivent avoir le même droit à la vie et à la liberté" dénonce Tehmina Arora.
Elle ajoute : "L'avenir de l'Inde est étroitement lié à la vie des filles et des femmes dans notre pays. Quiconque pense que les filles doivent avoir les mêmes droits que les garçons ne peut fermer les yeux sur ce qu'il se passe aujourd'hui en Inde."
L'Inde n'est pas le seul pays victime de cette pratique. La Chine mais également plusieurs pays d'Europe comme l'Albanie, le Monténégro et la Géorgie sont eux aussi concernés. L'avortement sélectif commence à être suspecté lorsque le ratio "105 garçons pour 100 filles" n'est pas respecté dans un pays. Une pratique lourde de conséquences dont les femmes sont les premières victimes.