A six heures trente du soir, sept hommes se sont introduits dans leur demeure. Elles ont résisté à leur tentative de viol collectif. Suite à quoi, on les a brutalement frappées avec des bâtons, avant de leur raser le crâne. Voilà, selon les autorités, ce qui est advenu à une mère et sa fille dans l'Etat de Bihar, au nord-est de l'Inde. Une certaine idée de l'horreur.
Selon l'officier supérieur Sanjay Kumar, "lorsque la mère et la fille ont protesté, les hommes se sont mis en colère et ont appelé un coiffeur local, qui leur a rasé la tête", comme l'indique la BBC. Parmi eux se trouverait un responsable du gouvernement local. Afin d'achever cette humiliation, les agresseurs ont ensuite forcé leurs victimes à sortir dans la rue. Comme une sorte de "punition" publique. Deux d'entre eux ont depuis été arrêtés. Mais l'enquête criminelle est encore en cours.
"Nous avons été très violemment réprimées. J'ai des blessures sur tout le corps et ma fille aussi" a déclaré la mère à la chaîne NDTV. "Nous recherchons les cinq autres hommes", a conclu de son côté l'officier supérieur. Si le drame de Bihar est abominable, il n'a hélas rien d'unique. Il nous renvoie aux innombrables faits divers qui secouent le territoire indien (et accablent les femmes) depuis des années, des attaques à l'acide répétées à l'agression - suivie d'une humiliation publique - d'une citoyenne indienne. Après avoir violenté cette dernière, on l'a déshabillé. Avant de la forcer à défiler nue à travers le marché du village. Ces faits témoignent d'une ritualisation des violences sexuelles. Autrement dit, d'une indéniable culture du viol.
Sur Twitter, l'autrice féministe Rita Banerji, militante active des droits des femmes, déplore l'incompétence d'un pouvoir politique "qui ferme les yeux" sur ces abus quasiment banalisés au sein de la société indienne. L'écrivaine sous-entend l'impunité d'agresseurs malgré le fait "que tout le village ait été témoin" de leurs méfaits. A la lire, "la violence anarchique à l'égard des filles et des femmes en Inde" est systématique et n'a rien d'un phénomène nouveau. Pour l'auteur, professeur et politologue indien Salman Anees Soz, c'est la goutte d'eau : il est plus que temps d'en finir avec "le patriarcat". Un jour peut-être ?