
Avez-vous suivi la tendance du Starter Pack ?
Sur les réseaux sociaux, bien des internautes partagent cette image générée par l’intelligence artificielle. Il s'agit d'un résumé personnalisé de votre personnalité en quelques gros traits (accessoires, caractéristiques physiques façon avatar numérique), prenant l'apparence d'une figurine qu'on pourrait trouver dans le commerce. Une énième trend estampillée IA à l'heure de Chat GPT.
Mais alors que cette pratique est abondamment critiquée par les illustrateurs et illustratrices (à l'instar de tous les visuels générés par intelligence artificielle) et fustigée pour son impact écologique désastreux (interrogée par franceinfo, la chercheuse canadienne Saha Luccionni rappelle que pour une seule image de très bonne qualité générée par une IA, "il faut autant d'électricité que pour recharger entièrement un smartphone"), d'autres promeuvent l'outil et s'en servent... Pour étaler leur misogynie.

C'est le cas d'un homme signalé par le compte Instagram féministe Ovaires the rainbow.
Un homme qui a osé générer le "Starter Pack" de Gisèle Pélicot... Et accoler, à ce montage de très mauvais goût, un lien URL menant à un site de libertinage. Oui oui.
"C'est abominable", "Il faut signaler ce compte", "Quelle horreur", se scandalisent les internautes...

Pour rappel, le 19 décembre dernier, le mari de Gisèle Pelicot a été condamné à 20 ans de réclusion pour viols aggravés sur sa femme. Il est reconnu coupable de l'avoir droguée, violée et fait violer par au moins 51 autres hommes, tous reconnus coupables par la cour. Viols commis sous soumission chimique au sein même de leur domicile, et filmés.
Etrange réflexe dès lors d'associer ces viols systématiques... A du libertinage. Ou même, d'oser en rire sous l'angle du pastiche.
C'est ce qu'épingle Capucine Coudrier sur son compte suivi par 92 000 followers : "La trend Starter Pack reprise en y incluant une figure de Gisèle Pélicot en pyjama avec comme objets un lit, un médicament (pour incarner la soumission chimique) et un appareil photo (car Dominique Pélicot photographiait et filmait les viols)... C'est une vraie apologie du viol"

"Je n'ai plus les mots", "C'est ignoble", "Il faut signaler ce compte", "C'est à gerber", "On est tombé à un niveau abyssal", dénoncent encore les abondants commentaires (plus de 1 000) sous la publication de Ovaires the rainbow.
Son instigatrice détaille encore certaines révélations à propos du "concepteur" de ce montage : "Il a également publié sur ses réseaux sociaux une simulation de 'jeu de société" intitulé "Ne réveille pas Gisèle' avec la mention 'de 1 à 50 joueurs' en utilisant encore l'image de Gisèle Pélicot"

"Ce sont des contenus irrespectueux et honteux"
Derrière la notion d'apologie du viol, il y a aussi celle de culture du viol : l'euphémisation constante des violences sexuelles. De leur impact, voire même de leur réalité. Cela s'associe généralement à du victim blaming : l'inversion de la culpabilité entre victime et coupable et, par-là même, la négation de ces violences subies.