Ce 8 octobre, en Iran, le journal d'informations de la chaîne d'Etat iranienne s'est retrouvé piraté par un groupe protestataire. Un happening qui serait l'oeuvre du groupe révolutionnaire Edalat-e Ali.
Sur l'écran est ainsi apparu en lettres oranges : "Rejoignez-nous et rebellez-vous" et le slogan "Femme, vie, liberté". Un appel à rejoindre la révolte des femmes - et des hommes - qui bouscule le régime oppressif de la République islamique depuis un mois déjà. Mais d'autres phrases sont également apparues durant cette séquence impressionnante de quelques secondes. Parmi elles ? "Le sang de notre jeunesse dégouline de tes mains". Une sentence adressée à l'ayatollah Khamenei, l'incitant notamment à quitter le pays en compagnie de sa famille.
Des photos de quatre jeunes femmes défuntes ont également été projetées. Mahsa Amini, bien sûr, dont la mort suspecte est à l'origine de ce vaste mouvement de protestation nationale. Mais aussi, les portraits de jeunes martyres et figures identifiées de cette révolution féministe, Hadis Najafi, Nika Shakarami et Sarina Esmaeilzadeh.
Depuis la mort suspecte de Mahsa Amini, 22 ans, après son arrestation par la police des moeurs, la révolte iranienne a pris bien des formes : les citoyennes iraniennes descendent dans les rues, retirent ou brûlent leur voile, se coupent les cheveux face caméra, contestant le port du hijab et le régime répressif des mollahs. La parasitage du JT est ainsi une nouvelle forme de protestation subversive.
Ce soulèvement populaire lourdement réprimé, qui aurait déjà fait 95 morts depuis le 16 septembre, selon l'ONG Iran Human Rights, suscite une vaste inquiétude du côté des ONG et autorités internationales. "La mort de Mahsa Amini et les allégations de torture et de mauvais traitements doivent faire l'objet d'une enquête rapide, impartiale et efficace par une autorité compétente indépendante. Les autorités doivent cesser de cibler, de harceler et de détenir les femmes qui ne respectent pas les règles du hijab", a déclaré la haute-commissaire par intérim des Nations unies aux droits de l'homme, Nada Al-Nashif.
Suite à cet impressionnant piratage, le groupe Edalat-e Ali a déclaré sur ses réseaux sociaux : "Le printemps arrive. Nous demandons à tous nos chers compatriotes de partager l'image piratée avec tous leurs amis et connaissances afin que nous puissions transmettre la bonne nouvelle du renversement du régime à tout le monde."