Se déplacer à pieds en ville, ça n'a l'air de rien, ça semble même plutôt pratique, mais ça s'apparente un peu plus à une discipline olympique qu'à une tâche routinière. Surtout quand le monde entier semble se dresser contre nous.
Voici dix des (nombreuses) plaies de la marche en milieu urbain.
Il faudrait instaurer une voie réservée aux piétons lents sur les trottoirs, pour pouvoir laisser ceux qui ne veulent (ou ne peuvent) pas se presser tranquilles et nous permettre à nous, fusées à réacteurs, de tracer sans encombre. Parce qu'il n'y a rien de plus frustrant que de devoir piétiner devant quelqu'un-e qui se traîne et qui, du coup, nous pète complètement notre rythme.
Entre les pipis de chiens et d'humains, les cacas (de chiens et d'humains aussi), les crachats, les fientes de pigeon, les ordures, le vomi et toutes les choses qui jonchent nos trottoirs, on est obligés de slalomer non stop et on peut pas marcher plus de trois mètres sans regarder où on met les pieds sous peine de vivre un moment très désagréable.
Si on peut plus facilement contourner une personne lente qui a les mains libres, ça devient plus compliqué quand il s'agit d'un individu au nez collé sur son écran de téléphone. Non seulement il est lent, mais il adopte une trajectoire totalement aléatoire, avec un rythme de marche changeant. Et quand en plus il se dirige vers nous et ne daigne même pas lever les yeux avant d'entrer en collision avec nous, alors là, c'est la totale. Regardez où vous allez bon sang, attendez d'atteindre un feu rouge pour regarder votre téléphone, c'est pas compliqué.
Parce qu'on a beau s'égosiller et tenter de faire entendre nos voix pour mettre fin à cette pratique insupportable, le harcèlement de rue perdure, toujours aussi fort, toujours aussi relou. Du coup, chaque sortie est une épreuve, parce qu'on doit se farcir remarques, regards et parfois contacts indésirables, et ça commence sérieusement à nous pomper l'air.
Qui a eu cette idée folle d'étendre l'utilisation des trottinettes aux adultes actifs ? Y en a partout, elles ne peuvent rouler que sur les trottoirs, sont relativement silencieuses et n'ont pas de sonnettes, du coup on manque constamment de s'en prendre une dans le dos, si on a le malheur de dévier légèrement de sa trajectoire.
Pardon, je dis les vieilles alors que c'est ni très gentil, ni toujours vrai, mais c'est quand même bien souvent le cas. Je n'ai rien contre un petit échange de nouvelles et d'informations personnelles importantes en pleine rue, sur un porche d'immeuble ou un bout de trottoir, mais rien ne vous oblige à prendre touuuute la place et à ne faire aucun effort pour vous écarter quand des gens essayent de passer. À ce stade, c'est clairement de la provocation.
Oui, bon, on avait dit qu'on tapait pas sur les touristes... Mais quand on est pressé, c'est pas évident de rester clément quand on se retrouve bloqué par un attroupement de touristes rassemblés autour d'une carte ou occupés à admirer une boîte aux lettres. Forcément, ça finit par attaquer un peu notre patience.
Parfois, tout se passe bien, tout le monde marche à un rythme soutenu et on respecte l'espace vital de chacun, dans un rare moment d'équilibre et de cordialité - quand soudain, c'est le drame. Il suffit que la personne de devant s'arrête brusquement (pour regarder son portable, sa montre, ou refaire ses lacets) et c'est la catastrophe. On lui rentre dedans, la personne de derrière nous rentre dedans, celle de derrière lui rentre dedans, et ça n'en finit plus. Avant de vous arrêter, décalez vous sur le côté pour ne gêner personne, c'est tout de même la base.
Donner la vie, c'est beau, c'est fort, c'est merveilleux. Rouler sur les pieds des gens ou leur rentrer dans les talons d'Achille avec les roues de sa poussette, ça l'est quand même vachement moins. Sans compter celles et ceux qui s'en serve comme bélier pour se frayer un chemin alors que bon, 1) y a un être vivant dedans et 2) y a des êtres vivants autour. Pas malin-malin.
En parlant d'enfants, il y a ceux qui ne peuvent pas s'empêcher de vous arrêter pour vous parler de votre enfant, que vous trimbalez déjà difficilement, ou pire, lui parler à lui, ou pire encore, le toucher. Qui touche les enfants des gens dans la rue, sérieusement ? Je serais vous, j'aurais peur d'y perdre ma main.
Sachant que nous sommes tous la plaie de quelqu'un et que nous avons tous été coupables d'un ou plusieurs de ces actes, je propose qu'on garde bien tout ça en tête quand on marche dans la rue pour s'assurer de rendre la vie plus facile à tout le monde. C'est pas si compliqué que ça en a l'air.